Mgr Aillet : en vue des élections municipales

Publié le 21 Mar 2014
Mgr Aillet : en vue des élections municipales L'Homme Nouveau

Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron vient de publier le communiqué de presse suivant au sujet des élections municipales de ce dimanche. Un texte qui offre des clefs de discernement.

Les élections municipales, désormais toutes proches, vont se dérouler sur fond de tensions, voire de scandales qui empoisonnent la vie politique française, tous partis politiques confondus. Faut-il pour autant désespérer des politiques ? Un sondage récent, réalisé par Opinionway, semble confirmer ce désamour : si 79% des français font confiance aux institutions hospitalières et 46% à l’Eglise catholique, 23% font confiance aux medias et seulement 11% aux partis politiques.

La politique : une chose noble

Pour autant, la politique est une chose noble quand elle est recherche du Bien commun, sans céder à la tentation de l’intérêt et du pouvoir, et il ne manque pas d’hommes et de femmes engagés dans la chose publique de manière intègre et dévouée à leurs concitoyens, en particulier parmi les élus de proximité qui brigueront nos suffrages, les 23 et 30 mars. Disons que la déception des citoyens est d’autant plus grande devant les promesses non tenues, que l’on assiste en France à une survalorisation de la politique, comme si le salut de la nation ne dépendait que d’elle. Pour importante qu’elle soit, elle demeure seconde par rapport aux échanges économiques et culturels, à l’amitié, la vie de famille et à la vie spirituelle. D’ailleurs, aujourd’hui en France, ce ne sont plus les partis politiques ou les organisations professionnelles qui mobilisent les citoyens, mais des collectifs issus de la société civile, comme on l’a vu l’an dernier avec les manifestations sans précédent qui ont jeté dans la rue des centaines de milliers d’hommes et de femmes, de toutes générations et de toutes conditions, dont de nombreux jeunes, pour défendre le mariage et la famille.

Discerner

Nous n’en accomplirons pas moins notre devoir citoyen, mais nous saurons exercer notre discernement, à la lumière des valeurs qui fondent la dignité de la personne humaine. Dans une société caractérisée par une « culture du déchet » (Pape François), nous sommes en droit d’attendre de nos élus qu’ils soient attentifs aux plus petits et aux plus vulnérables. Comment les candidats que nous voulons soutenir envisagent-ils l’accompagnement des SDF, des chômeurs ou des personnes âgées, souvent isolées ? Comment se positionnent-ils par rapport à la banalisation de l’avortement désormais considéré comme un droit et quels efforts sont-ils disposés à consentir en faveur de l’accueil et du soutien des mères ou futures mères en difficulté ? Quelle est également leur position par rapport au mariage entre personnes de même sexe et à la liberté de conscience des élus qui n’entendent pas célébrer de telles unions ? Comment se prononcent-ils par rapport aux évolutions de la politique familiale ? Quelle responsabilité reconnaissent-ils aux parents dans l’éducation de leurs enfants et face à l’entrée à l’école de l’idéologie du gender ? Sans oublier, bien sûr, les préoccupations de beaucoup autour du logement, du respect de l’environnement, de la politique culturelle et de la sauvegarde du patrimoine communal…

Pour un ordre social juste

L’ordre social juste que nous souhaitons ne dépendra pas seulement des politiques. Il est l’affaire de tous. Les catholiques ont en ce sens un témoignage à donner dans leur vie quotidienne, en n’ayant pas peur, comme le Pape François les y invitait, d’aller à contre-courant « des valeurs avariées qui ruinent la vie et suppriment l’espérance » (23 juin 2013). La justice et la paix sociales ont besoin d’hommes et de femmes qui soient prêts à payer cher leur fidélité à la voix de la conscience et de la vérité.

                                                                        + Marc Aillet, le 21 mars 2014            

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéLectures

L’inégalité, un outil de civilisation ?

Entretien | Juriste et historien, Jean-Louis Harouel s’attaque dans un livre récemment paru au mythe de l’égalité. Il postule que cette « passion laide » contemporaine, destructrice de la famille, entre autres, ne sert en rien les intérêts d’une population, en montrant que seule l’inégalité, créatrice de richesses, encourage la production et par là-même augmente le niveau de vie et conditionne le progrès moral et scientifique. Entretien avec Jean-Louis Harouel sur son livre Les Mensonges de l’égalité. Ce mal qui ronge la France et l’Occident.

+

égalité mythe
SociétéEglise de France

Pandémie : un avant-goût de la restriction des libertés fondamentales ?

Entretien | Le colloque « Pandémie, Droit et Cultes » s’est tenu à Paris en mars 2022. Ses actes rappellent qu’entre 2020 et 2022, les prérogatives de l’État ont été augmentées de manière extraordinaire au détriment des libertés essentielles, dans un renversement complet de la hiérarchie des biens. Une situation dangereuse qui pourrait bien se reproduire sous des prétextes variés. Entretien avec Guillaume Drago, co-organisateur du colloque et professeur de droit public à l’université de Paris-Panthéon-Assas.

+

pandémie liberté de culte
SociétéBioéthique

Fraternité et euthanasie : un débat sciemment faussé

Faisant droit aux revendications anciennes et répétées de certaines associations, le président Macron vient d’annoncer une loi sur l’euthanasie. Mais en usant d’un registre lexical détourné qui évoque l'« aide à mourir », l’autonomie de l’individu, les « conditions strictes » et la « fraternité »... Toutes expressions trahissent le sophisme, l’influence des officines francs-maçonnes, la solution miraculeuse aux déficits et surtout la crainte d’un vrai débat.

+

fraternité euthanasie
SociétéBioéthique

50 ans de résistance à l’avortement (3/3) : Combat contre l’avortement et transition postdémocratique

Question disputée | Combattre à temps et à contretemps en faveur de la vie humaine, de sa conception à sa mort naturelle, est une urgence née des lois mortifères mises en place par un système politique qui, loin d'être neutre, a rompu dès ses origines avec les exigences de la loi naturelle. Dès lors, n'est-il pas nécessaire de finaliser ce combat particulier en l'insérant dans une perspective plus large ?

+

AdobeStock 417378513 avortement