Apologétique sur grand écran

Publié le 11 Fév 2019
Apologétique sur grand écran L'Homme Nouveau

À force d’âneries et de saletés, de bassesse et de vulgarité complaisamment encensées par les médias à longueur de films à succès, nous avons presque oublié que cinéma et télévision peuvent être d’extraordinaires moyens d’évangélisation. En témoigne le succès, qui en plongea beaucoup dans la fureur, de la Passion de Mel Gibson dont on ne peut mesurer combien de bouleversements intimes et de conversions, jusqu’en milieu musulman, elle aura opérés.

Le problème, hélas, est qu’il faudrait, pour réaliser des films, ou téléfilms, catholiques un argent, en quantité, qui fait défaut, et des moyens médiatiques qui manquent pareillement …

Je l’ai déjà dit, il faut remercier l’équipe de SAJE Production d’aller chercher où ils se trouvent, c’est-à-dire le plus souvent en Italie ou aux USA, les films chrétiens que la France ne produit pas, ni ne diffuse, et de les rendre accessibles au public intéressé. Parmi les derniers titres sortis, on en relèvera deux qui se veulent, et y parviennent assez bien, des Apologétiques adaptées à notre temps. Certes, il ne s’agit pas d’adapter Aristide ou Tertullien, encore moins de viser, comme ceux-ci le firent aux commencements du christianisme, les sommets du pouvoir, dans la certitude que la conversion des élites entraînerait celle du peuple, mais, au contraire, de s’adresser à la base, et d’abord à tous ces gens, issus de familles chrétiennes, qui se sont éloignés de Dieu ou ne L’ont jamais connu. Le défi est de taille puisqu’il faut, afin de les ramener à la foi, commencer par détruire tous les arguments fallacieux et les mensonges qu’un monde profondément hostile au Christ a élaborés depuis des siècles et, qu’à la différence des chrétiens, il a les moyens et le pouvoir de diffuser à grande échelle.

Et pour commencer, le Christ a-t-Il existé ou les évangiles ne sont-ils qu’invention de fous furieux manipulant des imbéciles ?

Pour Lee Strobel (Mike Vogel), jeune et brillant journaliste d’investigation au Chicago Tribune, la question, en ce mitan des années 70, ne se pose même pas : athée convaincu, il éprouve envers les croyants une répulsion qu’il contrôle mal. Il n’a jamais songé que sa femme ne partageait peut-être pas ses a priori. Lorsqu’un soir, leur fille échappe de justesse à la mort grâce à l’intervention providentielle d’une infirmière évangéliste, son épouse est soudain persuadée de l’existence de Dieu et de Sa Providence.

Exaspéré de la voir désormais fréquenter le temple, malgré ses menaces de divorce, Strobel décide de lui apporter la preuve qu’elle est devenue à son tour victime de la plus grande escroquerie de tous les temps. Il va mettre son talent de journaliste à prouver que la Résurrection n’a jamais eu lieu.

Jésus, l’Enquête, de Jon Gunn, est tiré du l’ouvrage du même titre que Strobel a publié après sa conversion. Devenu pasteur, il a utilisé, avec efficacité, ses doutes, interrogations, ricanements passés afin de les mettre au service de la foi qu’il avait combattue. L’intérêt de l’affaire est que Strobel, dans son livre comme dans le film, raconte comment ses objections ont été levées et démolies une à une par les meilleurs historiens, médecins, psychologues. 

Il se peut que cela n’apporte pas grand-chose au croyant normalement cultivé, qui possède, en principe, les arguments lui permettant de garder et défendre sa foi, mais l’effet produit sur l’incroyant honnête, prêt à reconnaître qu’il était mal renseigné, est, paraît-il, réel. L’on peut cependant regretter que tout cela aboutisse à une promotion de l’évangélisme.

Dieu n’est pas mort de Harold Cronk ne peut mériter le même reproche, dans la mesure où il est impossible, quoiqu’il s’agisse, là encore, d’une réalisation évangéliste, de savoir avec à quelle confession chrétienne appartiennent le jeune héros et ceux qui l’entourent. Catholique ? Protestant ? Le doute perdure et, dans la mesure où le film se focalise sur ce qui nous unit, non sur ce qui nous divise, cela n’a pas grande importance. En cela, il s’agit d’œcuménisme intelligent.

À son entrée à l’université, Josh (émouvant Shane Harper), étudiant très pieux, choisit de s’inscrire au cours de philosophie du professeur Radisson (remarquable Kevin Sorbo). Mauvaise idée … Radisson est un athée fanatique qui ne supporte pas d’être contredit et poursuit de ses sarcasmes, sa supériorité intellectuelle, son mépris et sa méchanceté, tous ceux, y compris sa fiancée, qui ont la faiblesse de croire en l’existence d’un Créateur.

Chaque début d’année, pour tester ses étudiants, il leur affirme que la discussion a été tranchée une fois pour toutes par des gens autrement plus intelligents qu’eux et qu’il n’y a pas à y revenir : Dieu n’a jamais existé et notre époque avancée a appris à se passer de Lui. Puis il exige d’eux qu’ils lui rendent une copie portant cette contre-profession de foi : Dieu est mort.

Si tous les autres, par ignorance, indifférence ou lâcheté, acceptent sans discuter de signer ce qui équivaut à un acte d’apostasie, Josh, en dépit des ennuis qu’il sent venir, a seul le courage de s’y refuser. Radisson exige alors de lui qu’il apporte publiquement la preuve de l’existence de Dieu. Faute de quoi, il brisera son avenir universitaire.

Parce que, comme il s’en souvient, le Christ reniera à la face des anges ceux qui L’auront renié à la face des hommes, Josh, avec l’aide d’un jeune prêtre, malgré les oppositions et incompréhensions auxquelles il se heurte, relève le défi d’un homme chez qui il pressent une blessure secrète. Il n’imagine pas les fruits de grâce dont il va devenir l’intermédiaire.

Dieu n’est pas mort n’a pas fait autant de bruit, lors de sa diffusion que Jésus, l’Enquête. Personnellement, je le trouve pourtant très supérieur par la qualité du scénario, la tension dramatique, le jeu des acteurs, les personnages secondaires gravitant autour du héros : la jeune musulmane qui a découvert l’amour du Christ et subit pour Lui persécution, l’étudiant chinois arraché à son matérialisme, la blogueuse qu’un cancer met en face du sens de la vie et de la mort, son fiancé qui a perdu le sens de l’essentiel et sa mère, atteinte d’Alzheimer mais qui demeure le truchement des avertissements divin, construisent, autour de l’intrigue principale que constitue le duel entre Josh et son professeur, une série d’histoires qui trouveront leur raison d’être au dénouement, dans les sacrifices acceptés par le jeune homme. En dépit des apparences, c’est un film qui finit bien, puisque le salut des âmes y prime sur tout le reste, ce qui n’est pas fréquent au cinéma.

Fiction ? Non, car le scénario s’inspire directement des discriminations et persécutions endurées aux USA par des étudiants catholiques ou protestants pour avoir refusé de renier leurs croyances.

Il faut remercier Cronk et ses acteurs de nous obliger à nous poser la vraie question : jusqu’où irions-nous pour demeurer fidèles au Christ ?

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