Début juillet dernier, répondant aux rumeurs d’interdiction totale de la messe traditionnelle catholique, une lettre « Agatha Christie bis » demandant son maintien a été publiée dans le Times, signée par une quarantaine de personnalités – historiens, artistes, journalistes, pairs de la Chambre des lords, sans oublier un membre de la famille royale britannique. Pourquoi ce titre ? En 1971, une lettre similaire, signée entre autres par Agatha Christie, fut envoyée à Paul VI. Ce serait grâce à elle qu’un indult – qui porte son nom – fut accordé à l’Angleterre. Rendons hommage à celle qui a laissé une si belle trace dans la vie religieuse catholique en évoquant son détective le plus célèbre, Hercule Poirot.
Poirot occupe indéniablement une place prépondérante dans l’œuvre d’Agatha Christie, par la puissance de ses déductions mais aussi par la force de sa morale. L’auteur a choisi d’en faire « un bon catholique », comme il se définit lui-même dans Le Flux et le Reflux, répondant à la question qu’on lui pose : « Croyez-vous à l’existence d’un monde spirituel, monsieur Poirot ? » Il s’affirme en toutes circonstances contre le meurtre : « Que la victime soit la plus sainte des créatures du bon Dieu – ou au contraire un monstre – ça ne m’impressionne pas. On a pris… une vie ! Comme je le dis toujours, je ne saurais donner ma bénédiction à un meurtre » (Rendez-vous avec la mort). Il n’est donc pas question de se faire justice soi-même. Il y revient souvent : « Mon affaire, ce sont les individus, dont nul n’a le droit de prendre la vie », affirme-t-il dans Un, deux, trois… Dans ce même roman, il livre à la police un homme politique qui défend « toutes les idées qui lui sont chères », parce que cet homme a oublié la valeur de la vie humaine. Pour lui, la fin ne justifie en aucun cas les moyens. Ses allusions à Dieu s’avèrent fréquentes : « On oublie que la vie et la mort sont l’affaire du bon Dieu », s’exclame-t-il dans Mort sur le Nil. Il dit d’une enquête dont il se charge : « Cette affaire, c’est le bon Dieu qui me l’a envoyée » (Le Train bleu). Dans Le Bal de la victoire, il se traite « d’imbécile criminel » : « Je me suis vanté de mes petites cellules grises, et maintenant j’ai perdu une vie humaine, une vie qui est venue à moi pour être sauvée. Que le bon Dieu me pardonne ! »…