Un accord de paix a été signé ce 8 août à la Maison Blanche entre le Premier ministre arménien et le président d’Azerbaïdjan. Est-ce le retour tant attendu de la paix entre les deux peuples ou une simple déclaration de principes sans réels effets ?
Le 8 août, sous le regard triomphant de Donald Trump, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président d’Azerbaïdjan Ilham Aliev apposaient leurs signatures à côté de la sienne, sur un accord de cessation du conflit entre leurs deux pays. À première vue, c’est un succès notable, pour le président américain, que d’avoir obtenu pareil engagement de la part de deux États en tension, et plusieurs fois en guerre ouverte depuis l’effondrement de l’Union soviétique dont ils faisaient partie. Mais le plus étonnant est ailleurs. L’Azerbaïdjan est coupé du Nakhitchevan, territoire relevant de sa souveraineté, par l’Arménie. Or, Pachinian a accepté qu’un couloir de transit traversant son pays reliât ces deux parties de l’Azerbaïdjan. Pour bien comprendre, il faut regarder la carte.
Si le sud de l’Arménie apparaît comme le passage obligé de ce couloir, cette région est aussi celle qui donne sur l’Iran et la seule à ouvrir l’accès de ce pays à Erevan. Arrivé à ce point, il convient de prendre conscience de la situation politique de l’Arménie sur le plan international. Sur ses frontières, pour des raisons historiques, elle connaît l’animosité de la Turquie doublée de son différend territorial avec l’Azerbaïdjan. Elle croyait pouvoir compter sur la Russie, mais cette dernière l’a laissée choir pendant l’attaque menée par l’Azerbaïdjan pour récupérer le Haut-Karabakh en septembre 2023. Quant à l’Union européenne, en première ligne la France, elle n’a pas montré beaucoup d’enthousiasme pour voler au secours de cette position chrétienne située sur les frontières de l’Islam.Un Iran isolé
Aussi, l’Iran, lui-même très seul face à l’Occident et aux Arabes, s’est-il rapproché de l’Arménie jusqu’à en faire son alliée politique. En outre, cette dernière a ainsi trouvé le moyen de combler ses besoins en énergie chez son voisin iranien quand l’Azerbaïdjan, lui-même producteur de gaz et de pétrole, lui oppose un embargo. La dépendance d’Erevan à la république des ayatollahs rend incompréhensible l’engagement pris par Pachinian. En effet, d’après le texte de l’accord, sur le couloir…