La nouvelle crise du Mali

Publié le 17 Oct 2023
Mali MNLA Touaregs Chevalérias

En juin, les forces de la Minusma ont été priées de quitter le pays par le pouvoir malien, qui remet la guerre au goût du jour.

Le 2 octobre, l’armée malienne formait une colonne d’une centaine de véhicules et remontait de sa base de Gao vers le nord. Elle s’aventurerait dans les régions désertiques à forte implantation touarègue. Officiellement, il s’agit d’un déplacement destiné à prendre en charge les casernements occupés par la Minusma, les forces des Nations unies, priées par Bamako de quitter le pays. Néanmoins, les militaires parlent aussi de reprendre le territoire tombé, selon eux, « aux mains des terroristes ». À première vue, cela apparaît incompréhensible. En effet, la majorité des Touaregs, loin d’être terroriste, faisait partie de l’alliance militaire qui, en 2013, avec les armées française et malienne, a chassé les jihadistes des villes, les repoussant dans le désert. De plus, cette vaste zone désertique, loin d’avoir fait sécession, jouit d’une autonomie restreinte tout en reconnaissant l’autorité de Bamako. Alors pourquoi cette offensive ? Tout a commencé à la charnière des XIXe et XXe siècles, quand la France a conquis ses colonies du Mali et du Niger. Au nord de ces pays, faisant passer la frontière avec l’Algérie en plein Sahara, la puissance coloniale incluait des populations arabes et touarègues dans des ensembles à majorité noire. Après l’indépendance, cette coexistence s’avéra vite difficile et plusieurs rébellions touarègues se produisirent. La dernière de ces rébellions a éclaté en janvier 2012 dans un contexte complexe. Les attaquants étaient d’une part des groupes jihadistes de toutes ethnies, d’autre part, les Touaregs divisés en deux tendances : les jihadistes du groupe armé Ansar Eddine, menés par Iyad Ag Ghali, et le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad, l’Azawad étant le nom donné par les rebelles au Nord du pays), héritier des mouvements nationalistes du passé. Ajoutant encore à la confusion, le 22 mars, un putsch militaire éclatait et, sous la direction du capitaine Amadou Haya Sanogo, devenait le pouvoir de fait à Bamako. Dans cette année 2012, notre diplomatie a effectué un travail remarquable pour préparer les bases d’un retour à la légalité et à la sécurité au Mali. Notre ambassadeur à Ouagadougou (Burkina Faso), Emmanuel Beth, gérait le dossier. Beth n’était pas un diplomate comme les autres. Général, il avait servi dans la Légion et avait commandé la 11e brigade parachutiste à Toulouse. Fin connaisseur de l’Afrique, il avait été recruté par le Quai d’Orsay à sa retraite de l’armée. Il parvint tout d’abord à faire accepter au capitaine Sanogo…

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Alain Chevalérias

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