L’auteur nous raconte les dix ans de vertige « au bord du vide » qui lui ont volé sa jeunesse et l’ont gardée dans l’angoisse, l’anorexie, la mélancolie. Prise au piège à l’intérieur d’elle même, assaillie par des pensées obsessionnelles et sombres, elle décrit l’univers déstructuré dans lequel elle n’évolue plus. Elle ne voit plus, n’entend plus, n’aime plus, et demeure spectatrice de la folie qui règne dans sa tour de verre, qu’elle traduit par des phrases cinglantes et hachées, à l’image de sa pensée. Elle est « ivre de soif », car la vie la quitte et elle quitte son corps : le combat pour le ré-habiter est long, mais la renaissance est belle. Pas à pas, on assiste à son retour, grâce à ce qu’elle appelle la « constellation affective » que constitue son entourage : l’espoir fut possible lorsqu’elle compris qu’elle avait droit au bonheur. Enfin elle redécouvre le monde, grâce à l’art, des étreintes chaleureuses, une écoute patiente, souvent dans le silence.
Ce témoignage poignant bouleverse et réjouit le coeur, face à une société qui fait l’apologie de la force sans faille ; il faut être courageux pour admettre notre vulnérabilité et ne pas la laisser nous envahir et nous vider.
Voyage au bord du vide, Caroline Valentiny, Desclée de Brouwer, 195 p., 18,90 €