1920. La guerre civile entre armée blanche et armée rouge s’est achevée par la victoire de cette dernière. Sur le bateau américain qui va le débarquer à Yalta, Boris Solonévitch est décidé : il est prêt à engager toutes ses forces à la reconstruction de son pays. N’a-t-il pas 20 ans ? Pourtant seize ans plus tard, il mettra ses dernières forces à fuir le sol natal pour sauver sa vie. Quel crime lui reproche-t-on ? Sa fiche spéciale le mentionne. Groupe : antisoviétique, Catégorie : jeunesse, Caractéristique : dangereux. Il est simplement chef scout…
En seize ans, Boris aura connu un pays à la dérive où le mensonge et la loi du plus fort sont devenus la norme, les orphelins jetés sur les routes, les jeunes endoctrinés, appâtés par l’assurance d’un repas qu’ils ne trouvent pas chez eux, l’interdiction du scoutisme, la prison et les camps de concentration. Mais également les joies simples des retrouvailles entre scouts, parmi les tribulations des camps, la force de vivre par cette fraternité scoute et par sa foi en Dieu.
On ne ressort pas tout à fait indemne de cette lecture. L’auteur ne cherche pas à faire du style. « Je dirai simplement ce que j’ai vu “là-bas”, au “paradis socialiste”, et ce qui m’a forcé à quitter mon pays, sous les balles bolchevistes ». Et ce qu’il a vécu est vraiment terrible. C’est un témoignage extrêmement fort sur les agissements cruels des Soviétiques, mais aussi sur l’amour de la patrie, la foi, l’idéal scout vécu concrètement, en dépit de ce monde totalitaire inhumain. Un livre à méditer pour ne pas nous endormir et rester des veilleurs. À partir de 15 ans. Marie Lacroix
Boris Solonévitch, Un chef scout dans la tempête bolchevique, Éditions Edilys, 296 p., 21 €.