Au théâtre : Je l’appelais monsieur Cocteau

Publié le 22 Avr 2016
Au théâtre : Je l'appelais monsieur Cocteau L'Homme Nouveau

C’est une pièce conçue comme une succession de tableaux vivants évoquant chacun à leur manière soit un univers de fresques, soit des scènes de films tournées en studio, soit un lieu un peu fantomatique dans lequel la présence de l’ange Heurtebise de Cocteau ne serait jamais très éloignée. Et si Cocteau nous était conté à travers le regard émerveillé d’une petite fille… Il était une fois… Ainsi commencent les contes, mais celui-ci nous raconte une histoire vraie. Bérangère Dautun adapte et met en scène les souvenirs de Carole Weisweiller, la fille de Francine Weisweiller qui fut l’amie et la muse du poète de nombreuses années. Elle avait fait sa connaissance sur le tournage des Enfants terribles dont elle était la productrice. En 1950, elle l’invita à Santo Sospir, sa célèbre villa à Saint-Jean-Cap-Ferrat. Carole avait 8 ans. Jean Cocteau avait demandé à Francine l’autorisation de dessiner une tête d’Apollon au-dessus de la cheminée du salon. Ce dessin fut le premier d’une grande fresque murale se promenant dans presque toutes les pièces de la maison. Nous sommes au pays de l’enfance. Carole suit le poète, elle s’imprègne du réel à travers le prisme de ce qui lui est montré, à travers l’exemple des manières dont Cocteau considère le monde en le regardant, en le sentant, en le touchant, en l’imaginant, en en parlant. Tout commence pour elle avec des sons de voix, une tonalité, un rire, une atmosphère de vie, un monde plein de sensations, un bain de réel. Il y est aussi question de rencontres, en particulier celle de Picasso. La force de cette pièce, qui est comme un appel, est de nous rappeler que l’aventure de nos vies, quand elle n’en est pas empêchée, commence dans notre imagination, là où la pensée se constitue d’images, du faisceau des empreintes qui tissent à partir de l’extérieur notre monde intérieur. Si la vie ne s’arrête pas avec l’enfance et si les séparations douloureuses nous en arrachent, jusqu’à tout perdre, il reste cette trace ineffaçable et indélébile dont le mot du poète inscrit sur sa tombe résume le cœur : « Je reste avec vous ». Transformée en narratrice, Bérangère Dautun nous captive et l’on joue, derrière l’écran à entrevoir comme en rêve sous la figure d’un jeune homme, Guillaume Bienvenu, la présence intemporelle de celui qui ne l’a jamais quittée. Une heure d’émotion !

Studio Hébertot, 78 bis, bd des Batignolles, Paris XVIIe. Jusqu’au 29 mai. Du mardi au samedi à 19 h, dimanche à 17 h. Tél. : 01 42 93 13 04.

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneCulture

L’exégèse poétique de Claudel

L’Essentiel de Thibaud Collin | À partir de sa conversion, Paul Claudel a consacré une part croissante de son œuvre à l’interprétation des Écritures. S’inscrivant dans la tradition spirituelle et théologique de l’exégèse chrétienne, il s’est efforcé de dépasser les limites de la méthode historico-critique, pour faire émerger le sens spirituel du texte biblique.

+

L’exégèse poétique de Claudel
Culture

S’unir à Dieu à l’école du Père Garrigou-Lagrange

Culture | Et si Dieu n’était pas d’abord celui que l’on cherche, mais celui qui déjà nous habite ? Avec Dieu dans l’âme, l’abbé Arnaud Renard invite à redécouvrir une vérité aussi ancienne que bouleversante : la présence « spéciale » de Dieu dans l’âme par la grâce. Plongeant au cœur de la pensée du théologien dominicain Réginald Garrigou-Lagrange (1877-1964), il dévoile une spiritualité toute de contemplation et de confiance.

+

Garrigou-Lagrange
CultureLectures

Y a-t-il des limites à l’obéissance dans l’Église ?

Jean-Pierre Maugendre – L’obéissance en question (Via Romana) | L’illustration principale est la question de l’obéissance du catholique aux demandes et aux injonctions du détenteur de l’autorité magistérielle et disciplinaire dans l’Église. La question est d’autant plus délicate que le but poursuivi est le salut éternel et la soumission à la volonté divine.

+

obéissance obéir maugendre