Cette pièce n’est pas un traité d’éducation, mais l’itinéraire éducatif d’une vie humaine dans toute l’intensité de sa singularité et toute l’universalité de l’humain qui s’y révèle. Quelle grâce et quelle profondeur que cette Comtesse de Ségur sous les traits d’une Bérangère Dautun au sommet de son art ! À vrai dire, le spectateur est ému jusqu’aux entrailles tant il est mis en participation intime de ce récit de vie livré comme une confidence. Nous parcourons la vie de Sophie depuis l’épisode en 1812 de l’arrivée de Napoléon à Moscou où son père, sur l’ordre du Tsar, dut mettre le feu à la ville, suivi de son départ en France, de son mariage avec le Comte de Ségur, de sa vie douloureuse d’épouse et de son engagement total de mère auprès de ses enfants, de sa longue dépression à la mort de l’un d’entre eux et de son chemin de rédemption à travers l’écriture. Tout un itinéraire de vie qui nous révèle une femme d’exception et le vrai visage des « malheurs de Sophie » ou du « Général Dourakine ». Comme le dit très bien Pascal Vitiello qui a fait la mise en scène : « Nul besoin d’un décor grandiose pour mettre en scène une femme qui vous suggère tout bas ce que souffrir veut dire. Aller à l’essentiel en toute simplicité, c’est un ton, une manière, une disposition singulière qui relèvent d’une grande sensibilité. » Tout est dit sinon qu’au terme de sensibilité il faudrait ajouter celui d’intelligence, tant se révèle ici dans son mystère quelque chose de la profondeur d’une vie humaine personnelle. Merci, Bérangère Dautun, de nous en faire le cadeau !
« Comtesse de Ségur, née Rostopchine » au Studio Hébertot, 78 bis, bd des Batignolles, Paris XVIIe. Du mardi au samedi à 19 h, le dimanche à 17 h jusqu’au 2 juillet. Rés. : 01 42 93 13 04.