La pipe qui prie & fume

Publié le 09 Juin 2017
La pipe qui prie & fume L'Homme Nouveau

Le poète suisse Maurice Chappaz, disparu en 2009, aurait eu cent ans en 2016. Ce jour­nal qui constitue en quelque sorte son testament fut terminé peu avant son décès. Il se lit comme un vent printanier sur une époque bien automnale. À 90 ans passés, Chappaz conservait l’enthousiasme qui l’avait jeté bien des décennies avant dans la poésie, dans la participation à la construction d’un barrage alpin ou dans l’invention loufoque d’un match de football entre Sion de Judée et Sion du Valais. Le premier objet de son enthousiasme n’est autre que Bernadette Soubirous, « la plus extraordinaire et la plus simple des voyantes ». S’ensuit la réponse que le poète donne à la question « Qui sommes-nous ? » : des « oiseaux pour qui la terre est un prétexte, le ciel une patrie ». Le ton est donné. Le poète séjourne alors dans un chalet de montagne, pipe au bec. Son enfance et des pans entiers de sa vie remontent au fil de la plume, intimement mariés à la nature, aux heures du jour et de la nuit, à un résumé du journal d’un commandant de navire pris dans les glaces arctiques en 1881, à bien d’autres sujets pour une écriture légère et toujours prête à offrir une nouvelle pépite, une nouvelle image baroque ou frappante de réalisme, une nouvelle trouvaille verbale. Enfin, si le poète regrette la raréfaction des prêtres, ces sentinelles de l’Absolu, il est dans l’attente paisible et plutôt amusée de la grande Rencontre car pour lui, « on meurt » signifie « on va être rapatrié en Dieu ».

La pipe qui prie et fume

Maurice Chappaz, La pipe qui prie & fume, Éd. de la revue Conférence, 196 p., 25 €.

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneCulture

Ermonia : Magnificat, une adaptation de René Bazin en court-métrage 

L'association de production cinématographique Ermonia s’est éprise de la noble ambition de faire éclore la beauté, en tissant des liens entre les trésors de l'Histoire, les splendeurs de la littérature et les échos du patrimoine. Ermonia présente son troisième moyen-métrage de quarante-cinq minutes : Magnificat, un voyage dans la Bretagne du début du XXe siècle.

+

ermonia magnificat
À la uneCulture

Catholics : fiction ou constat précoce ?

En 1973, un film anglais sortait sur les écrans. Catholics racontait l’histoire d’un monastère refusant les réformes de Vatican IV et décidant de continuer à dire la messe et à conférer les sacrements selon l’ancien ordo. Film prémonitoire ? Toute la tragédie de l’obéissance est ici dévoilée.

+

catholics 1823
À la uneCulture

L’exposition : Ribera. Ténèbres et Lumière

À Paris, le Petit Palais présente la première rétrospective des œuvres de Jose de Ribera (1591-1652). Peu connu du grand public, il fut pourtant en son temps un des principaux artistes de l’âge baroque. Considéré comme l’héritier du Caravage (1571-1610), ses contemporains décrivaient son travail « plus sombre et plus féroce ».

+

ribera
Culture

Il y a quatre-vingts ans, les Polonais tentaient de se libérer

Culture | La Pologne a connu deux occupations successives, allemande pendant la Seconde Guerre mondiale, puis soviétique à l’issue de celle-ci. Les Polonais avaient pourtant montré un farouche attachement à leur patrie, résistant pendant la guerre à travers différentes organisations clandestines – politique, militaire, scolaire, scoute, etc. – puis se soulevant en armes à Varsovie en 1944.

+

Warsaw Uprising by Chrzanowski Henio Roma 14828 2

Vous souhaitez que L’Homme Nouveau poursuive sa mission ?