L’ancien collège des jésuites de Poitiers (actuellement en travaux pour devenir la Cité judiciaire) a cela en commun avec la statue de Jean-Paul II à Ploërmel que les autorités publics ont décidé de lui retirer sa croix pour un meilleur respect de la laïcité.
Leur différence tient au fait que l’ancien collège a été construit avant 1905, en conséquence de quoi, la croix qui le surplombe ne rentre pas dans le domaine d’application de l’article 28 de la loi de 1905 relative à la séparation des Eglises et de l’Etat (« Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. »).
Dans notre pays qui a été fondé en grande partie par la religion catholique, autant dans son organisation que dans son système juridique, comment pourrions nous différencier un signe religieux d’un signe culturel ?
La difficulté d’interpréter la loi de 1905
C’est la source des problèmes créés par cette loi de 1905. En l’espèce, la fédération Morbihannaise de la libre pensée s’est attaquée dès 2012 à ce que la statue du pape Jean-Paul II sur la place éponyme soit surmontée d’une arche agrémentée d’une croix, le tout donnant, selon les propres mots du Conseil d’Etat, un « ensemble monumental ». Le Conseil d’Etat n’a pas jugé utile de reconnaitre que le croix constituait « l’expression d’une forte tradition catholique locale », il a constaté par ailleurs que l’arche et la croix étaient des rajouts à la statue offerte par l’artiste russe Zourab Tsereteli.
La croix est un signe religieux. Bien. Mais les vêtements que porte le pape? Ne sont-ils pas également des signes religieux? Il me semble distinguer une chasuble, peut-être même une aube. Le pape porte sa calotte. C’est bien un signe religieux et c’est normal. Le bon sens veut qu’un artiste qui souhaite représenter le pape l’habille de ses vêtements sacerdotaux. Et de la même façon que personne ne sera choqué de voir un chasseur représenté avec un fusil, personne ne devrait être choqué de vo
ir le pape accompagné de sa croix.
Pouvons nous séparer Saint Jean-Paul II de la croix ?
Saint Jean-Paul II agissait, en tant que catholique et plus encore en tant que pape, pour la plus grande gloire de Dieu. Si sa statue a été érigée en reconnaissance à celui qui a fait tomber le mur de Berlin, la croix fixée au-dessus de sa tête montre l’idéal que ce saint homme poursuivait au delà du mur: le triomphe du Christ. Enlever la croix c’est couper le personnage d’une part de sa réalité.
La décision du conseil d’Etat entérine une vision dévoyée de la laïcité qui serait incompatible avec la religion, c’est d’ailleurs ceci que nous voyons lorsque la croix de l’ancien collège des jésuites de Poitiers est déposée. Cette croix rappelait l’histoire du bâtiment, de la même façon que la croix fixée en haut du Panthéon rappelle qu’avant d’être un mausolée pour personnages célèbres, ce bâtiment devait être une église dédiée à Sainte Geneviève.
Les dernières nouvelles de la mairie indiquaient la recherche d’une autre solution, en vendant la parcelle sur laquelle est la statue. Elle ne se retrouverait donc plus dans l’espace public.