Hier soir était diffusé le téléfilm « mention particulière » sur TF1. Le scénario met en scène une jeune fille, Laura, qui essaye comme tout le monde d’avoir son bac et de mener une existence normale, avec cette petite différence qu’elle est porteuse d’un chromosome surnuméraire 21, une anomalie génétique appelée syndrome de Down ou encore trisomie 21.
Le rôle principal de Laura est joué par Marie Dal Zotto, une actrice elle même atteinte de trisomie 21. Avec une touche d’humour est abordé le sujet important de la place des enfants trisomiques dans la société et dans leur famille. Nous suivons pendant une heure et demie la jeune femme pendant les épreuves du Bac, épreuves après épreuves. Confrontée à l’administration mais aussi au regard des autres. Entre chaque matières nous voyons ses difficultés du quotidien.
Nous nous rappelons qu’en 2014 le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel avait censuré un clip intitulé « chère future maman » dans lequel des personnes trisomiques témoignaient leur joie de vivre, le gendarme de l’audiovisuel avait alors estimé que le clip était susceptible de troubler des femmes ayant eu recours à l’avortement. Hier, 5,8 millions de téléspectateurs ont regardé le téléfilm, démontrant s’il le fallait qu’un regard positif sur la trisomie n’est pas une obscénité et interpelle. En France il est admis que 95% des enfants à naitre, diagnostiqués trisomiques dans le sein de leur mère, sont avortés. « Si on vous avait dit que je serais trisomique, vous m’auriez supprimée » dit Laura. Le commun des français ne fréquente pas de trisomiques, il n’en croise plus et se les imagine donc comme des monstres, il voit ici que ce sont des humains à part entière, simplement en-dehors des canons modernes. Peut-être ce genre de films peut-il aider des futures mères à aimer leurs enfants et les inciter à les garder.
Grâce aux travaux d’associations, plus spécialement la Fondation Jérôme Lejeune, les recherches avancent pour une meilleure compréhension du handicap et un meilleur accompagnement des familles et des enfants. Un téléfilm comme celui d’hier aide à poser un regard bienveillant sur ces personnes atypiques, il montre bien les enjeux familiaux, accueillir un enfant extra-ordinaire ce n’est pas facile mais c’est possible.
Marie Dal Zotto espère pouvoir changer le regard sur le handicap par le biais de ce téléfilm. Quand une journaliste lui demande si elle a quelque chose à nous apprendre, la réponse fuse: « la joie de vivre ». Pour celle qui, enfant, a rencontré beaucoup de difficultés et de souffrances dans le regard et la bouche des autres, le théâtre a eu un effet salvateur, lui apprenant à se détacher des critiques et de son handicap pour devenir « actrice de sa vie » et apprendre l’autonomie. Aujourd’hui elle revendique son handicap qui n’est pas léger. Comme le dit son personnage: « ça n’existe pas trisomique légère, le chromosome en plus tu l’as ou tu l’as pas ». Ce qui ne l’empêche pas d’avoir décroché la mention de meilleur espoir féminin au festival de La Rochelle.