Officier polonais remarquable, ayant déjà rendu au Pacte de Varsovie des services éminents, le colonel Ryszard Kukli?ski (Marcin Doroci?ski) prend conscience des dangers de guerre nucléaire à l’époque de l’émergence du syndicat Solidarno?? en Pologne. Tiraillé en conscience, il choisit, au risque de sa propre vie et de celle de sa famille, de fournir des renseignements militaires top secret aux services secrets américains.
Ce récit véridique, transporté au cinéma dans une réalisation haletante, permet de découvrir une page insoupçonnée de l’Histoire mondiale de la fin du XXe siècle et d’une guerre nucléaire qui aurait été évitée de justesse grâce à l’action de cet officier polonais. Pourtant, il fut longtemps considéré comme un traître à son pays, et pas seulement par le pouvoir communiste, bien décidé d’ailleurs à l’éliminer définitivement. Il est donc juste qu’un cinéaste polonais (Wladys?aw Pasikowski) rende un hommage à celui qui pour sauver la paix du monde prit le risque d’un drame de conscience et de perdre la vie.
Au-delà de la transcription historique, Jack Strong (du nom de code du colonel Kukli?ski) offre une réflexion sur le patriotisme, le sens du bien commun et la hiérarchie des devoirs d’un père de famille, d’un citoyen et d’un soldat. D’une certaine manière, c’est aussi la mise en avant d’un héros (presque) ordinaire, qui n’a rien d’un superman, qui éprouve des difficultés dans l’éducation de ses enfants et qui assiste, impuissant, aux soupçons injustifiés de son épouse. Pourtant, le souci du bien commun passe toujours avant tout, même devant la tranquillité de son foyer et devant sa propre vie.
Même si ce discours n’affleure jamais, Jack Strong illustre également le fait que le patriotisme révolutionnaire (cf. les distinctions de l’historien Jean de Viguerie), de nature uniquement idéologique (et à ce titre, complètement artificiel) ne mérite nullement de voir la paix du monde sacrifiée à ses exigences.
Tous ces points concourent à faire de la vision de ce film un moment inhabituel et passionnant !
Kobafilms, 2 h 07, 14,99 €.