Déjà auteur d’un remarqué et remarquable Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège, paru dans la célèbre collection « Bouquins », Christophe Dickès s’est cette fois-ci attaqué aux légendes qui circulent sur la papauté, le Vatican et l’Église. L’historien, spécialiste d’autre part de Jacques Bainville, suit l’actualité de l’Église avec passion et rigueur. Il semble que le pontificat de Benoît XVI ait d’ailleurs joué un rôle important dans sa propre détermination à mieux saisir la réalité des propos tenus sur l’Église.
Que l’on se souvienne ! Peu après qu’il fut devenu préfet de la Congrégation de la Doctrine de la foi, le cardinal Ratzinger fut caricaturé en « Panzerkardinal », aimable façon de lui enlever toute légitimité dans son action visant non seulement à défendre la doctrine de la foi, mais à la préciser quand cela était nécessaire. Devenu pape, le même n’a cessé d’être confronté à une sorte de contestation sourde sous prétexte qu’il s’éloignait de Vatican II, qu’il ne réglait pas le problème de la Curie ou, pire, qu’il levait l’excommunication d’un prélat négationniste.
Hasard ? Celui qui lors de la messe de consécration papale avait demandé que l’on prie pour qu’il puisse faire face « aux loups » devait en venir à se démettre de sa charge. Ses anciens adversaires saluaient alors dans cette décision un « geste prophétique » et espéraient en des jours meilleurs.
Ce n’est pas principalement au pontificat de Benoît XVI que s’intéresse aujourd’hui Christophe Dickès, mais sa bonne connaissance du dossier explique aussi pourquoi, en historien, il a décidé de prendre à bras-le-corps les questions qui fâchent et les fantasmes qui circulent.
Ces questions sont au nombre de 23 et concernent principalement la papauté contemporaine. Elles n’ont pas toutes le même poids ou la même intensité légendaire. Ainsi, Christophe Dickès confronte à la réalité historique la sentence qui veut qu’un cardinal qui entre pape au conclave en ressorte… cardinal. Dans le même ordre d’idées, il met les choses au clair concernant le rôle de l’Esprit Saint dans l’élection papale ou la juste compréhension de ce qu’est l’infaillibilité.
Mais, à côté de ces thèmes qui ne déclenchent plus de grandes passions, il apporte des éléments de réponse sur des sujets plus brûlants. Ils sont de deux ordres. Soit strictement historique (l’accord Pie XI-Mussolini ; l’Église et la Shoah ; la mort de Jean-Paul Ier, etc.), soit plus structurel (la richesse du Vatican, la réforme de la Curie, la misogynie du Vatican, le secret de ses archives, etc.)
En moins de 300 pages, les légendes et fantasmes sont ainsi balayés, la vérité historique rétablie et le bon sens retrouve ses droits. Et ce n’est peut-être pas le moindre des mérites de ce livre dont il faut saluer la parution. C’est d’ailleurs à se demander pourquoi vous ne l’avez pas encore ?
Christophe Dickès, Le Vatican, vérités et légendes, Perrin, 270 pages, 13 €.
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