Au théâtre : La jeune fille Violaine

Publié le 23 Mar 2017
Au théâtre : La jeune fille Violaine L'Homme Nouveau

Quand on pense à la jeune fille Violaine, on pense plus facilement à L’Annonce faite à Marie qu’à cette pièce antérieure qui connut deux versions, l’une en 1892 proche de la conversion de Claudel composée après la première version de La Ville et l’autre en 1900 à son retour de Chine. Cette pièce, véritable drame religieux, porte au fond sur l’engagement le plus fondamental de la vie chrétienne, qui n’est pas une religion de la douleur, mais du consentement au sacrifice salvateur de la Croix, librement et totalement choisi dans un don de soi à l’imitation du Christ. Les noces d’amour les plus profondes de l’humanité sont scellées sur la Croix. Rien d’étonnant à ce qu’elle engendre un tel combat spirituel, « plus dur que les batailles d’hommes » selon le mot de Rimbaud. Comment se donner soi-même à ce point d’abandon de soi-même ? Comment renoncer à toute possession, même les plus légitimes ? C’est le débat terrible, suite à ce baiser au lépreux marqué par la figure de Pierre de Craon, qui opposera l’opiniâtre, jalouse et dure Mara à sa sœur Violaine. Histoire d’un sacrifice et d’une rédemption, le drame interroge la question du mal. Tout dans ce texte évoque la vie de l’âme, le mystère de l’Église, la présence de l’Ancien et du Nouveau Testament, le chemin de la sainteté. C’est dire, bien que la langue de Claudel y soit plus simple, plus fluide que dans d’autres textes, que le jeu dramatique n’est pas chose aisée. La mise en scène de Pascal Guignard Cordelier et le jeu épuré des comédiens qu’il dirige donnent au texte tout son pouvoir et toute sa force émotionnelle nous faisant entrer progressivement dans l’intensité de ce drame d’amour. Une seule réserve autour de la scène de la guérison miraculeuse du petit Aubin trop théâtralisée alors que la pièce est au sommet du mystère et donc de l’indicible et du silence. Mais un grand merci à toute la troupe de nous donner avec tant de force ce chef-d’œuvre peu joué mais si beau.

Théâtre du Nord-Ouest, 13, rue du Faubourg-Montmartre, Paris IXe. Tél. : 01 47 70 32 75. Séances les 4,7,11, 12 avril à 20 h 45 (le 6 et le 15 à 21 h) et le 16 avril à 14 h 30 (puis programmation à suivre).

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneCultureLectures

Brasillach, poète catholique ?

Alain Lanavère, ancien élève de Normale, docteur ès lettres et agrégé de lettres classiques, professeur de lettres émérite à la Sorbonne, enseigne toujours avec passion. À l’occasion de la parution des Poèmes de Robert Brasillach – édition très complète comportant des inédits – il évoque le cheminement spirituel de l’auteur des Poèmes de Fresnes. Entretien.

+

Brasillach poèmes de fresnes
CultureDoctrine sociale

Le règne de l’argent

Carte blanche de Judith Cabaud | Idéaliste et utopique, Péguy, écrivain et poète, élevé dans l’anticléricalisme socialiste de son temps, crut à la valeur de la famille, au travail bien fait et à la patrie pour laquelle il donna sa vie. Il définit ainsi le monde moderne de son époque : « Choisir le plaisir et l’argent, c’est se refuser au travail. C’est le règne de l’argent. »

+

argent péguy
CultureLectures

Tactiques du diable et stratégie des anges

Recensions | La Rédaction de L'Homme Nouveau vous propose une page culture, avec un choix de quelques livres religieux, essais, CD ou DVD. Notamment Stratégie des anges, de Don Pierre Doat. Des idées de lecture à retrouver dans le n° 1837.

+

stratégie des anges livre