Il est rare que théâtre et cinéma fassent bon ménage sur la même scène. Le cinéma projeté sur une scène de théâtre apparaît souvent comme plaqué et encombrant. Ce n’est absolument pas le cas dans le parti pris de mise en scène de Stéphane Laporte et de Ned Grujic qui transporte l’action de Pygmalion dans le contexte des années cinquante dans l’univers hollywoodien. Il y a un arrière-plan iconique du star-système à l’ancienne qui crée un charme désuet servant à dessein la fable de cette histoire aux allures apparentes de conte de fées. En fait derrière l’histoire d’Eliza Doolittle, cette petite marchande des rues transformée en Lady par les soins du Professeur Higgins, célèbre linguiste, se posent des questions aussi diverses que celles de l’importance du langage dans la construction humaine mais aussi, au cœur même de ce qu’est le théâtre, la question des rapports entre le personnage et la personne. Mais tout y est traité sans avoir l’air d’y toucher sur le mode fantaisiste d’une comédie dans un pur style british qui fait fureur. Le jeu des comédiens solidement orchestré entre eux, Lorie Pester en tête, est enlevé d’un bout à l’autre, excellent de finesse, au ton juste et bien adapté à un spectacle qui se veut avant tout ludique et donc intelligent.
Théâtre 14, 20, avenue Marc Sangnier, Paris XIVe. Jusqu’au 27 février, les mardi, vendredi et samedi à 20 h 30, les mercredi et jeudi à 19 h et le samedi à 16 h. Rés. : 01 45 45 49 77.