Depuis deux mois, la Birmanie fait face à un conflit généralisé de la population rebelle face au pouvoir établi et à l’armée, rendu possible par une coordination des mouvements.
Le 27 octobre, dans le nord-est du Myanmar, pays connu aussi sous le nom de Birmanie, une coordination de mouvements rebelles a lancé une offensive militaire, dénommée « Opération 1027 ». Cette coordination porte le nom d’Alliance des Trois Frères, trois organisations la formant. Pour la première fois, l’armée, qui tient les rênes du pays, se trouve en difficulté face à un soulèvement. Les experts occidentaux pensent possible un scénario du type de la révolution syrienne de 2011, tant les militaires au pouvoir sont exécrés en raison de leurs exactions contre la population. Or, si celle-ci est constituée à 70 ou 75 % de Birmans, ou Bamas, le pays s’est constitué au cours des siècles grâce à l’annexion de régions dominées par des groupes ethniques différenciés. Ces derniers forment autant de minorités qui aspirent depuis longtemps à s’affranchir de la tutelle de la majorité birmane. Promettant un apaisement des tensions, au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, avec la fin de l’autorité coloniale britannique, un régime démocratique s’installa au Myanmar. Très vite néanmoins, soutenues par la Chine frontalière du pays, des insurrections éclatèrent. En 1962, le général Ne Win profita de cette instabilité pour prendre un pouvoir que les militaires n’ont jamais vraiment quitté depuis.
Les militaires inquiets
Un semblant de libéralisation a pourtant lieu en 2010 : Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix (en 1991) et fille du héros de l’indépendance, voit son assignation à résidence levée. En novembre 2015, son parti remporte haut la main les élections législatives, et le 6 avril 2016 elle reçoit un titre correspondant à la position de Premier ministre. Mais ses succès électoraux répétés inquiètent les militaires. Le 1er février 2021, elle est à nouveau arrêtée et l’armée, confisquant le pouvoir par la force, déclare l’état d’urgence. Dès le lendemain, un mouvement de désobéissance civile se met en place et d’immenses manifestations occupent la rue. L’armée tire à balles réelles. À la mi-avril, on compte plus de 700 morts victimes de ces tirs. Le 25 juillet, quatre personnes sont exécutées, dont un député élu en 2015. Depuis, la situation ne cesse de se dégrader. Dans un communiqué daté du 26 septembre 2023,…