Boualem Sansal : otage franco-algérien

Publié le 09 Déc 2024
Boualem Sansal

Boualem Sansal, ici en 2018 au festival « Le livre sur la place », un écrivain critique du régime algérien. © CC BY 2.0, ActuaLitté

Depuis le 16 novembre, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal est retenu en Algérie pour ses écrits portant « atteinte à l’unité nationale ».

  Le 16 novembre, Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, était arrêté à son débarquement à l’aéroport d’Alger. Une procédure pénale est ouverte contre lui pour « atteinte à l’unité nationale », au titre de l’article 87 bis du Code pénal algérien. C’est la législation de guerre contre l’insurrection islamiste des années quatre-vingt-dix que le pouvoir d’Alger instrumentalise contre un homme de plume. Étrange destin que celui d’un citoyen des deux rives pris en otage entre Paris et son ancienne colonie. Alors haut fonctionnaire dans son pays d’origine, il aurait pu rester confiné dans l’anonymat. Mais en 1999, piqué par le virus de l’écriture en prenant pied dans la cinquantaine, il publie son premier roman, Le Serment des barbares, comme toute son œuvre rédigé en français. L’ouvrage apparaît comme une critique caustique de la société et de l’autorité algériennes des années quatre-vingt-dix. En France, il plaît. Sansal est primé (prix du Premier Roman et prix Tropiques). En librairie, c’est un succès. Il voit alors se multiplier les invitations aux événements littéraires à travers l’Europe et, dans le même temps, continue d’écrire et de publier. Il moissonne à brassées les prix littéraires obtenant même celui du roman de l’Académie française en 2015.

Satire du système

La ligne conductrice de ses livres peut se résumer à quelques mots : satire du système algérien et attaque virulente de l’islamisme. Sansal a néanmoins le courage de rester en Algérie, dans son village de Boumerdès, à 50 km de la capitale. Ainsi, il s’expose mais donne aussi une plus grande authenticité à ses livres. Néanmoins, le pouvoir algérien finit par le sanctionner en 2003 en l’évinçant de son poste de directeur général au ministère de l’Industrie. Mais, conscients de la stature internationale dont il jouit, les autocrates d’Alger retiennent leurs coups. Sansal continue pourtant de les énerver. En 2008, il se rend au Salon du livre de Paris dont les Français avaient fait Israël l’invité d’honneur. Aux arabo-musulmans furieux de son choix, il réplique : « Je fais de la littérature, pas la guerre. » En 2012, il participe même au Festival international des Écrivains à Jérusalem. Puis, quelques mois plus tard, il lance « l’Appel de Strasbourg pour la paix », avec David Grossman. Grossman est un écrivain israélien, certes, mais critique…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Alain Chevalérias 

Ce contenu pourrait vous intéresser

International

Los Angeles : les tensions s’intensifient autour des expulsions de migrants

Depuis vendredi, Los Angeles est le théâtre de violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants opposés aux opérations d’expulsion des migrants en situation irrégulière. Malgré la mobilisation renforcée de la Garde nationale, envoyée par l’administration Trump, la situation reste tendue mais illustre la détermination des autorités à faire respecter la loi.

+

los angeles
International

Pologne : un président conservateur face au gouvernement libéral

Soutenu par le parti Droit et Justice (PiS), Karol Nawrocki a remporté l’élection présidentielle de Pologne du 2 juin avec une courte avance sur Rafal Trzaskowski. Historien, issu d’un milieu ouvrier, Nawrocki devient une figure d’équilibre face au gouvernement libéral de Donald Tusk. Sa victoire marque une rupture avec l’agenda progressiste et annonce une période de cohabitation sous haute tension. 

+

Pologne Karol Nawrocki
International

Mali : interdictions des partis politiques 

Depuis 2020, le Mali est aux mains du colonel Assimi Goïta, autoproclamé président et général d'armée. Ces derniers jours, la situation a encore escaladé avec la suppression de tous les partis politique et l'enlèvement de leurs leaders. 

+

mali Assimi Goïta
International

Les causes inavouées de la crise franco-algérienne

Après le renvoi d’Algérie de 12 agents français sous statut diplomatique, la France a décidé d'expulser à son tour 12 agents algériens. Les raisons de la crise actuelles sont à chercher entre autres dans l'attitude de la France à la suite des accords d'Évian.

+

crise franco-algérienne