> Dossier : « Catholicisme américain : entre puissance et fractures »
La récente rencontre entre le pape Léon XIV et le sénateur J. D. Vance soulève des questions majeures sur l’avenir des relations entre Rome et Washington. Retour sur les enjeux géopolitiques, spirituels et symboliques de cet échange inattendu, dans un contexte où les catholiques américains retrouvent un nouvel élan sous l’impulsion d’un pape originaire des États-Unis. Entretien avec Nikola Mirkovic, auteur de L’Amérique empire.
| Lundi 19 mai, le pape Léon XIV a rencontré le sénateur J.D. Vance, figure montante du conservatisme américain. Que peut-on dire de cette rencontre ? Quelles peuvent en être les conséquences ?
Je crois que cette rencontre arrive à point nommé. J.D. Vance est le dernier homme politique à avoir rencontré le pape François et l’un des premiers à rencontrer Léon XIV. Coïncidence ou Providence ? En tous cas, c’est très intéressant d’un point de vue géopolitique : il existe des relations diplomatiques entre la Maison Blanche et le Vatican. Nous avons d’un côté le bras droit d’un président qui affirme vouloir la paix, et de l’autre un pape militant de la paix. On a beaucoup entendu dire que celui qui était encore le cardinal Prevost à l’époque, avait taclé J.D. Vance sur Twitter à propos de l’ordre dans la charité et de l’immigration. Si le Pape a depuis supprimé son compte, cette rencontre a sans doute permis de remettre les différends sur la table et d’exprimer clairement les positions de chacun. Par ailleurs, elle est très importante pour les États-Unis en général et pour J.D. Vance en particulier. Trump, qui essaye de donner un virage conservateur à son gouvernement et au pays, veut montrer qu’il compte sur les catholiques en entretenant des relations avec le Vatican. Avoir la même langue et la même culture que le Pape est évidemment un atout pour ce premier pays catholique d’Occident. On notera au passage que le frère aîné du Pape, Louis, est un fervent militant de Trump. Vance, en tant que récent converti au catholicisme, ne va pas voir qu’un chef d’État parmi d’autres au Vatican, il va voir le chef de l’Église catholique. Il n’y a donc pas qu’un rapprochement politique mais également le sincère zèle du converti dans cette rencontre. Leurs cadeaux mutuels en témoignent.
| Cet état des relations entre les États-Unis et l’Église catholique est-il nouveau au regard de l’histoire ?
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