Un film du cinéaste polonais Andrzej Wajda n’est jamais à dédaigner. L’Anneau de crin (1993) n’est certes pas l’un de ses opus les plus connus et son nom ne dira certainement rien à une grande partie de nos lecteurs. Pourtant, il mérite d’être vu. En raison de l’histoire qu’il raconte d’abord, mais aussi des transpositions que l’on peut éventuellement en faire.
Le film débute de manière intense par la destruction par les Allemands de l’Armée polonaise de l’intérieur qui s’était soulevée, en 1944, à Varsovie en vue de libérer le pays. L’apprenant, les troupes soviétiques, aux portes de la capitale polonaise, s’étaient arrêtées par ordre de Staline pour laisser les Allemands faire le « sale boulot » afin de prendre pied plus facilement en Pologne.
On trouvera une belle évocation de cette page mal connue en France dans le livre de Bogina Bond et d’Alexandra Viatteau, Une jeune fille de Varsovie.
L’Anneau de crin se situe exactement à ce moment dramatique quand il s’agit pour Marcin (Rafal Królikowski), un officier rescapé des Allemands, de savoir s’il doit collaborer ou non avec les communistes qui ont mis la main sur la Pologne. Wajda aurait déclaré à ce sujet : « Ce film (…) montre que le seul choix dicté par l’honneur était de mourir, les armes à la main, comme dans Cendres et diamant (un autre de ses films). Tout compromis menait à une défaite personnelle. Malheureusement, la majorité des hommes a bien subi cette défaite au contact de la réalité communiste. »
Adapté du roman Pier?cionek z ko?skiego w?osia de Aleksander Scibor-Rylski, L’Anneau de crin (une bague portant l’aigle couronné polonais) vibre du vrai patriotisme confronté à la barbarie communiste. Plus qu’une autre, une scène illustre ce fait : la déportation en Sibérie des officiers et des soldats de l’Armée polonaise de l’intérieur chantant une hymne à la Vierge Marie.
Éditions Montparnasse, 1 h 42, 15 € env.