Le 5 février, plusieurs journaux annonçaient l’invitation par Emmanuel Macron d’Ahmed al-Chareh, le nouveau président syrien, ancien commandant d’al-Qaïda et de Daech.
Le 5 février, l’actualité s’enrichissait d’une nouvelle péripétie : plusieurs journaux annonçaient l’invitation par Emmanuel Macron d’Ahmed al-Chareh, le nouveau président syrien. L’information, il est vrai, a de quoi décoiffer : al-Chareh est un ancien commandant d’al-Qaïda et de Daech (l’Etat islamique). Islamiste convaincu, il a même été déclaré « terroriste » par plusieurs pays dont les Etats-Unis, pour avoir combattu contre eux. Néanmoins, disons-le, l’invitation d’al-Chareh en France n’est pas aussi claire que le proclament certains. Dans le communiqué officiel, rien de tel n’est dit, même si un échange téléphonique est rapporté entre les deux Présidents. Pour Le Figaro, « Le Président de la République (française) lui a dit qu’il (al-Chareh) était le bienvenu ». Cela ne ressemble pas à une invitation officielle mais plutôt, dans des termes diplomatiques, à l’accord de principe d’une autorisation de séjour sans protocole. On ne peut pas s’attendre à moins quand le chef de l’Etat français cherche à ouvrir un canal de communication avec le patron, de fait, d’une puissance étrangère. Soyons clairs, l’Elysée a cherché à dégager les bénéfices d’une invitation non officielle sans en souffrir les inconvénients. C’est l’art même de la diplomatie. En quête de sensationnel, nombre de médias sont venus déranger cette belle mécanique. C’est sans doute ce sur quoi il fallait anticiper à la Présidence.
Chez al-Qaïda puis Daech
Car, il faut bien l’admettre, al-Chareh n’a pas l’innocence d’un bébé sortant du bain. Né en 1982, en 2003 il a rejoint al-Qaïda en Irak pour combattre contre les Américains. Puis il est passé chez Daech. Certes, à partir de 2016, il annonçait la rupture de son organisation, le Front Al-Nosra, avec al-Qaïda, à laquelle il s’était ré-affilié. Néanmoins, restant dans l’ambiguïté, il le fit après avoir reçu l’assentiment d’Ayman Al-Zawahiri qui avait pris la succession d’Oussama Ben Laden. De plus, al-Chareh a gardé son idéologie islamiste : il a répété être pour l’application de la charia, la loi islamique. À…