« Les messes doivent être suspendues pour des raison de santé », est-il répété en Italie, en France, en Allemagne pour justifier un effacement sans précédent depuis la Révolution française des messes publiques. Pour des raisons de santé… Et la santé spirituelle du peuple chrétien ?
Dans un précédent article L’Homme nouveau a parlé du cas exemplaire de Mgr Reig¸ évêque d’Alcalá de Henares, en Espagne, qui a décidé de maintenir messe et communion dans son diocèse, avec toutes les précautions nécessaires, pendant l’épidémie. Il s’avère que d’autres évêques d’Espagne, où le degré de contagion de l’épidémie est plus grave qu’en France, ont fait de même, ceux de Grenade, Salamanque, Asidonia-Jerez, Cadix-Ceuta, Cordoue, Huelva, Almería, Segorbe-Castellón, Minorque, Orihuela-Alicante. Au total, ils sont onze évêques à avoir pris les mêmes dispositions que leurs confrères polonais.
Ainsi en informe Andrea Zambrano, dans La Nuova Bussola Quotidiana, en invitant l’Italie à suivre cet exemple. Les déclarations de Mgr Reig, d’Alcalá de Henares sont connues. Mgr Javier Martínez, archevêque de Grenade, dit pour sa part : « L’Église ne ferme pas parce qu’elle est porteuse de l’espérance du monde ». Comme dans d’autres diocèses espagnols, la communion peut aussi être reçue sur la langue, car « les possibilités de contagion sont les mêmes dans les deux cas ». À Cordoue, « nous n’empêcherons personne d’y assister [à la messe] tant qu’aucun rassemblement ne sera créé et que les distances seront respectées ». À Salamanque : « Deux personnes par banc et des files séparées dans la nef au moment de la communion pour ne pas heurter ceux qui vont et viennent ». À Jerez : « L’autorité n’a rien ordonné de contraire ». Etc.
Et les prêtres, comme les évêques, prennent leurs responsabilités. Tout cela a été d’autant plus facile que la Conférence épiscopale espagnole n’a pas pris de décision générale (en aurait-elle le droit ?). Et, paradoxalement, le gouvernement socialiste de Sanchez-Iglesias est finalement, dans la circonstance, prudent et respectueux de la religion : « La présence dans les lieux de culte et les cérémonies civiles et religieuses, y compris les cérémonies funéraires, sont conditionnées par l’adoption de mesures d’organisation consistant à éviter les foules de personnes, en fonction de la taille et des caractéristiques des lieux, de manière à respecter la distance d’au moins un mètre entre eux ». Il faut dire que la pratique espagnole, notamment en semaine, est nettement plus importante qu’en France.
« J’ai pitié de cette foule […] Si je les renvoie dans leurs maisons sans avoir mangé, les forces leur manqueront », dit le Christ avant de procéder à la multiplication des pains (Mc 8, 2-3). Prudemment, dans le respect des règles auxquelles ils sont tenus, les évêques de France ne pourraient-ils faire de même ? Et pas seulement les évêques, mais en conscience, les curés, les supérieurs de communautés religieuses, les prêtres ? À savoir, très concrètement, ne peuvent-t-il pas laisser des catholiques, dans des églises qu’il est permis de laisser ouvertes, venir prier et assister sans « participation », éventuellement sans communion, à des messes qui y sont célébrées ?