Europe civilisationnelle : l’hespérialisme est-il réaliste ?

Publié le 14 Fév 2025
europe

L’Europe ethnographique : un héritage commun mais des identités nationales uniques.

Présentant une alternative à l’Union européenne éradicatrice des identités et à un chauvinisme réputé dépassé, un jeune historien belge, David Engels, propose un essai stimulant, Défendre l’Europe civilisationnelle. Petit traité d’hespérialisme, mais probablement naïf en plusieurs domaines. En particulier sur la capacité d’adaptation de l’islam, les différences fondamentales entre Européens et la probabilité d’une réforme générale du continent.

  David Engels est un historien belge, spécialiste de l’histoire romaine et en particulier de la fin de la République, aujourd’hui professeur d’université à Poznan, en Pologne. Il pose ici le constat d’une Europe en crise confrontée, selon lui, à deux tentations contradictoires. D’une part un eurofédéralisme mondialiste, matérialiste et désincarné. D’autre part un « chauvinisme nationaliste » qui condamnerait l’Europe à n’être que le champ de bataille des grandes puissances impériales : États-Unis, Chine, Russie. 

Appel à une unification européenne

Là contre, l’auteur en appelle à un engagement patriotique en faveur d’une unification européenne qui reposerait sur la défense et la continuation des identités et des traditions européennes : l’hespérialisme. Concrètement, celui-ci s’incarnerait dans un retour à la transcendance, au-delà d’un christianisme « largement épuisé, voire éteint, du moins dans le monde occidental », la réhabilitation de la famille traditionnelle, le refus des idéologies mortifères : « socialisme, libéralisme, écologisme », l’enracinement de l’Europe dans son histoire et ses traditions ancestrales au-delà des valeurs universelles : « de liberté, démocratie, égalité, État de droit » qui, prises au pied de la lettre, feraient que chaque personne et chaque nation aurait vocation à devenir européenne. On notera que l’auteur ne cache pas son intérêt pour la messe romaine traditionnelle et pourfend courageusement le lobby LGBT et la « culture de mort ».

Une dure réalité

Il semble cependant que l’appel à une « Europe-civilisation » largement mythifiée et facteur de puissance, à l’instar de ce que fut le Saint-Empire romain germanique, plusieurs fois nommé, n’achoppe sur une dure réalité : l’Europe n’est pas morte à Sarajevo le 28 juin 1914 avec l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’Empire austro-hongrois. Elle était morte depuis longtemps, sans doute au début du XVIe siècle lorsque la Réforme protestante divisa durablement l’ancienne Europe en deux mondes inconciliables. D’un côté, une Europe essentiellement anglo-saxonne et scandinave, exaltant un libre examen luthérien régulé par l’État et une soif insatiable de biens matériels générée par la prédestination calviniste. Et, de l’autre, une Europe latine et catholique attachée à la primauté du surnaturel et à l’égalité fondamentale de tous les hommes entre eux (voir

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Jean-Pierre Maugendre

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneCulture

Ce que l’Europe et l’Amérique doivent à l’Espagne. Entretien avec Marcelo Gullo (1/2)

Entretien partie 1 | Le 7 octobre, l'historien et politologue argentin Marcelo Gullo Omedeo publiait son dernier ouvrage, Lepanto : Cuando España salvó a Europa (Lépante. Quand l'Espagne a sauvé l’Europe). À cette occasion, Arnaud Imatz, docteur en sciences politiques et hispaniste, s’est entretenu avec l’auteur sur l’apport de l’Espagne dans l’histoire de l’Europe et des Amériques.

+

Espagne
ÉgliseLectures

Carte blanche : L’« épouvantail » Rampolla

Jean-Marc Ticchi, spécialiste de l’histoire de l’Église au tournant des XIXᵉ et XXᵉ siècles, offre la première biographie historique du cardinal Rampolla (1843-1913), secrétaire d’État de Léon XIII pendant plus de quinze ans, et qui a eu, dès son vivant, une mauvaise réputation dans certains milieux.

+

cardinal Mariano Rampolla
SociétéLectures

Maurras, pour la Nation, contre le racisme

Entretien | En août, les éditions de Flore publiaient un petit livre d'Axel Tisserand, Maurras, pour la Nation, contre le racisme. À cette occasion, Philippe Maxence s’est entretenu avec l’auteur, agrégé de lettres classiques et docteur en philosophie, au sujet de Charles Maurras (1868-1952).

+

charles maurras racisme nation patrie
CultureLectures

Jeunesse : lectures d’automne

Recension jeunesse | La rédaction de L’Homme Nouveau vous propose une page recension de lectures jeunesse, avec un choix éclairé de quelques histoires à lire ou faire lire, et autres activités. À retrouver dans le n° 1839.

+

lecture livre