Présentant une alternative à l’Union européenne éradicatrice des identités et à un chauvinisme réputé dépassé, un jeune historien belge, David Engels, propose un essai stimulant, Défendre l’Europe civilisationnelle. Petit traité d’hespérialisme, mais probablement naïf en plusieurs domaines. En particulier sur la capacité d’adaptation de l’islam, les différences fondamentales entre Européens et la probabilité d’une réforme générale du continent.
David Engels est un historien belge, spécialiste de l’histoire romaine et en particulier de la fin de la République, aujourd’hui professeur d’université à Poznan, en Pologne. Il pose ici le constat d’une Europe en crise confrontée, selon lui, à deux tentations contradictoires. D’une part un eurofédéralisme mondialiste, matérialiste et désincarné. D’autre part un « chauvinisme nationaliste » qui condamnerait l’Europe à n’être que le champ de bataille des grandes puissances impériales : États-Unis, Chine, Russie.
Appel à une unification européenne
Là contre, l’auteur en appelle à un engagement patriotique en faveur d’une unification européenne qui reposerait sur la défense et la continuation des identités et des traditions européennes : l’hespérialisme. Concrètement, celui-ci s’incarnerait dans un retour à la transcendance, au-delà d’un christianisme « largement épuisé, voire éteint, du moins dans le monde occidental », la réhabilitation de la famille traditionnelle, le refus des idéologies mortifères : « socialisme, libéralisme, écologisme », l’enracinement de l’Europe dans son histoire et ses traditions ancestrales au-delà des valeurs universelles : « de liberté, démocratie, égalité, État de droit » qui, prises au pied de la lettre, feraient que chaque personne et chaque nation aurait vocation à devenir européenne. On notera que l’auteur ne cache pas son intérêt pour la messe romaine traditionnelle et pourfend courageusement le lobby LGBT et la « culture de mort ».
Une dure réalité
Il semble cependant que l’appel à une « Europe-civilisation » largement mythifiée et facteur de puissance, à l’instar de ce que fut le Saint-Empire romain germanique, plusieurs fois nommé, n’achoppe sur une dure réalité : l’Europe n’est pas morte à Sarajevo le 28 juin 1914 avec l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l’Empire austro-hongrois. Elle était morte depuis longtemps, sans doute au début du XVIe siècle lorsque la Réforme protestante divisa durablement l’ancienne Europe en deux mondes inconciliables. D’un côté, une Europe essentiellement anglo-saxonne et scandinave, exaltant un libre examen luthérien régulé par l’État et une soif insatiable de biens matériels générée par la prédestination calviniste. Et, de l’autre, une Europe latine et catholique attachée à la primauté du surnaturel et à l’égalité fondamentale de tous les hommes entre eux (voir
Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autresAbonnez-vous dès à présent