Sous un titre volontairement accrocheur, la nouvelle exposition du Musée du Luxembourg présente des œuvres de Jean Honoré Fragonard (1732-1806). Il pratiqua avec brio tous les genres en peinture et les sujets dits « amoureux » ne représentent qu’un pourcentage restreint de son travail selon Guillaume Faroult, commissaire de l’exposition, malgré la réputation qu’on lui fit au XIXe siècle. L’élève de Chardin puis de Boucher, qui l’influença et favorisa ses premiers succès, ne tomba cependant jamais dans l’obscénité. 92 huiles, dessins, gravures confrontés à ceux d’artistes qu’il fréquenta sont donnés à voir. Ils suivent l’évolution de son regard sur l’amour charnel et sentimental liée aux idées de son temps. Excellent peintre, grand coloriste, il illustre des thèmes souvent légers. Son trait sûr, rapide, fougueux et ses compositions toujours savamment organisées et lumineuses réjouissent l’œil du visiteur dépassant la dimension superficielle de ses sujets. De compositions mythologiques, illustrant les amours des dieux (Diane et Endymion, v. 1755, National Gallery, Washington), aux images licencieuses, issues de commandes privées, son travail reflète une époque où le libertinage dans les élites était en vogue. Décrit par ses proches comme heureux en ménage et très discret sur sa vie familiale, il resta fidèle à son épouse (Marie-Anne Gérard, 1745-1823), elle-même peintre de miniatures. Il abandonna la peinture au début des années 1790. Ses dernières toiles (Le Serment d’amour, La Fontaine d’amour…), bien différentes de celles de ses contemporains « néoclassiques », semblent annoncer un certain romantisme.
(photo de présentation : L’enjeu perdu ou Le Baiser gagné, © The Metropolitan Museum, dist RMN-Grand Palais/image of the MMA)
Musée du Luxembourg, 19, rue de Vaugirard, Paris VIe. Tél. : 01 40 13 62 00. Ouvert tous les jours de 10 h à 19 h, lundis et vendredi jusqu’à 21 h 30. De 10 h à 18 h les jeudis 24 et 31 décembre et le 1er janvier. Fermé le 25 décembre. Jusqu’au 24 janvier 2016.