Épicentre de conflits politico-religieux depuis toujours, le Proche-Orient est reparti dans une spirale de le violence menée par le Hamas le 7 octobre. Quels sont les buts de cette organisation alors que, depuis les Accords d’Abraham de 2020, certaines négociations discrètes semblaient aller dans le bon sens ? Explications de Roger Brands, entrepreneur et ancien diplomate.
L’attaque du Hamas, le 7 octobre dernier, a marqué une nouvelle étape dans le conflit israélo-palestinien. Dans quel contexte géopolitique a éclaté ce nouvel affrontement ? En premier lieu, il faut intégrer que la lutte entre Israël et Palestine n’est pas un « simple » affrontement entre deux parties. Elle implique de nombreux autres protagonistes et a fait l’objet de résolutions internationales (Onu). Sans jugement de valeur, si ce conflit ne concernait strictement que ces deux parties, on peut penser qu’il aurait été réglé depuis bien longtemps car les affrontements, de nature militaire, qui se sont succédé depuis la création de l’État d’Israël, se sont invariablement soldés par les défaites des coalitions arabes. Par ailleurs, la tentation d’appréhender la situation actuelle à la stricte échelle de nos vies semble irrépressible. Pourtant, volens nolens, l’histoire régionale présente des siècles d’affrontements militaires, géopolitiques (Perse, Empire romain, Empire ottoman, puissances européennes etc.) et religieux, à côté desquels il faut se défier de passer pour qui veut comprendre la situation actuelle. Le contexte géopolitique dans lequel est survenue l’attaque terroriste portée par le Hamas le 7 octobre dernier est celui d’un monde dans lequel les grands « équilibres » post chute du régime soviétique sont rebattus. Le Syrie voisine est économiquement à bout de souffle. Le Hezbollah libanais est plus puissant qu’il ne l’a jamais été. En Afrique subsaharienne comme en Irak, en Syrie et dans d’autres pays, il y a de vastes territoires aux mains de l’État islamique et de ses inféodés proches du Hamas. Les États-Unis d’Amérique ont quitté –perdants – l’Afghanistan, soutiennent vivement l’Ukraine dans un conflit indirect avec la Russie qui semble s’éterniser, et se trouvent plus que jamais en guerre économique avec la Chine. De son côté, l’Europe institutionnelle, devenue au cours de ces vingt dernières années une annexe des États-Unis, n’est jamais parvenue à s’imposer, et la France en est devenue aphone. Quant à la Russie, son autonomie énergétique, ses postures diplomatiques uniques et son envergure territoriale semblent lui conférer une puissance pérenne malgré les prédictions et prédications du patron de…