Le nom d’Antoine Blanc de Saint-Bonnet (1815-1880) est célèbre parce qu’il figure dans toutes les histoires des idées politiques comme un représentant majeur du courant légitimiste et ultramontain au XIXe siècle. Mais ses œuvres sont peu connues et peu lues.
Son grand traité sur L’Infaillibilité, publié en 1861, n’a été réédité qu’une fois, en 1956, précédé d’une longue étude de dom Georges Frénaud, moine de Solesmes. Son autre grand traité politique, La Légitimité, publié en 1873, deux ans après la Commune, est enfin réédité.
L’ouvrage s’articule en 177 courts chapitres. Après avoir longuement exposé non pas l’histoire de la Révolution mais les causes et les effets de la Révolution, Blanc de Saint-Bonnet voit son époque dominée par « une génération » qui « en histoire, ne croit plus à la Providence ; en politique, ne croit plus à l’autorité ; en économique, ne croit plus à l’épargne ; en morale, ne croit plus à la vertu ; en religion, ne croit plus en Dieu ». La nouvelle « aristocratie » qui domine en France se caractérise par sa « cupidité […] son oubli de la foi, sa persistance à écarter Dieu de l’État pour fonder la société sur l’homme ».
On doit à Blanc de Saint-Bonnet la distinction entre « pays légal » et « pays réel ». Il consacre un chapitre à démontrer que « le parlementarisme est l’abolition du pays » parce qu’il « supprime toute représentation sérieuse » et qu’ainsi « le pays réel disparaît ». Vingt ans plus tard, Barrès et Maurras reprendront cette distinction dans leur journal, La Cocarde, puis Maurras et l’Action française en feront un des arguments en faveur de la monarchie décentralisée. Aujourd’hui, des notions comme « la France des périphéries » ou « la France qui se lève tôt » renvoient, sans employer le mot, à…