L’Autriche de « la culture dominante »

Publié le 22 Avr 2024
Autriche

Klaudia Tanner, ministre autrichienne de la Défense, préparait les esprits dès janvier à une alliance du gouvernement avec le FPÖ, classé à l'extrême droite. © CCBY 2.0, BKA

Fin mars, le Parti populaire autrichien (ÖVP) larguait une bombe au milieu du paysage politique. Il créait une commission afin de « définir la culture dominante » de l’Autriche. Tout le monde comprend qu’il s’agit de dire quelle est la culture de la majorité et, partant de là, on pourrait en arriver à parler d’encadrement des cultures considérées comme étrangères. Dans nos démocraties occidentales, en Autriche plus qu’ailleurs, personne n’aime lever le tapis pour découvrir la poussière qui s’y cache. En général, les partis qualifiés d’extrémistes, principalement l’extrême droite, tendent à se réserver cette tâche. Mais, héritier du Parti chrétien-social, déclaré libéral-conservateur, l’ÖVP n’appartient pas à cette catégorie. Mieux, aujourd’hui au pouvoir, il gouverne avec les Verts, positionnés à gauche. On comprend qu’en fait cette bombe en chute libre annonce un séisme. Déjà, le 11 janvier, l’ÖVP faisait une préparation d’artillerie. Klaudia Tanner, l’un de ses membres, et en outre ministre de la Défense, laissait entendre à mi-mot que son parti pourrait former un gouvernement avec le FPÖ (le parti de la Liberté d’Autriche), classé à l’extrême droite. Il faut dire le FPÖ a le vent en poupe. À quelques mois des élections, il affiche 30 % dans les sondages. Aussi, dans une certaine mesure, la création d’une commission sur « la culture dominante » en Autriche ressemble-t-elle à une manœuvre de rapprochement avec une tendance jusqu’ici dénigrée. Constatant la poussée de l’extrême droite, le gouvernement autrichien cherche à s’allier à elle quand, face à celle-ci, dans d’autres pays d’Europe, le pouvoir en place cherche désespérément à renforcer une ligne de défense qui s’effondre. L’expérience autrichienne pourrait servir de référence à toute l’Europe occidentale où, sous la poussée migratoire, les repères culturels sont de plus en plus remis en question. Sans aller loin, la France nous en offre un excellent exemple. Nos élites politiques au pouvoir ont beau rabâcher comme des leitmotivs les mots « démocratie » et « laïcité », elles sont de moins en moins écoutées par un nombre croissant d’allogènes et de plus en plus discréditées dans la population de souche. Certes, l’expression « culture dominante » a, dans sa formulation, quelque chose d’oppressif. Peut-être les mots « culture de fait de la majorité » auraient-ils été plus proches de la réalité et moins rugueux. Car l’idée, après tout, devrait être de séduire, et non pas de stigmatiser. Du moins pour tous ceux, parmi les populations allogènes, qui acceptent les coutumes…

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Alain Chevalérias

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