Le rapport sur le mouvement des Frères musulmans a été rendu public le 2 mai dernier, provoquant nombre de réactions contre « l’islamophobie ».
Le 2 mai dernier, le ministère de l’Intérieur rendait public un rapport sur le mouvement des Frères musulmans (FM). On doit ce coup d’audace à Bruno Retailleau. Bien entendu, il a été suivi d’une levée de boucliers émanant de la sphère islamiste et de ses comparses. Pourtant, on n’y lit aucune exagération. Au contraire, les opinions des tenants de la compromission sont elles aussi mises en exergue. J’en parle avec d’autant plus d’assurance que j’ai moi-même effectué une longue enquête sur la confrérie, allant jusqu’à la visiter en Égypte, au cours de l’été 1991, avant d’en rencontrer ses émanations dans plusieurs autres pays. Je confirme donc l’exactitude de ce rapport et invite tout le monde à le lire. Je n’y ajouterai rien mais me permettrai de préciser un point essentiel qui fait la dangerosité perverse de ce mouvement : son idéologie amalgame les espaces religieux et politiques, le sacré et le profane. En 1930, déjà, la profession de foi des FM affirmait : « L’islam est une Loi complète pour diriger cette vie et l’autre. » Or, cette soumission à la loi islamique, la charia, la confrérie veut l’étendre à toute l’humanité. Par la prédication et la conversion d’abord. Par la contrainte, si nécessaire, quand les « Frères » se sont emparés du pouvoir. C’est le stade atteint aujourd’hui à Gaza par le Hamas, émanation locale des FM. Le rapport du ministère de l’Intérieur français se fait cependant discret sur les soutiens concédés aux FM par certaines puissances occidentales. Le premier remonte à 1928, à la création de la confrérie en Égypte. Alors puissance coloniale dans ce pays, la Grande-Bretagne favorisa et finança le fondateur, Hassan Al-Banna. Londres voyait là un moyen d’affaiblir ses adversaires, les nationalistes égyptiens, en leur opposant un concurrent religieux. Le second soutien apparaît plus étonnant encore puisqu’il provient d’Israël. En 1967, à la suite de la guerre des Six Jours, l’armée israélienne entrait dans la bande de Gaza jusque-là sous contrôle de l’Égypte. Pour amadouer les FM, seule structure organisée dans le territoire, les Israéliens financèrent alors leur réseau de mosquées. Certes, la confrérie avait des activités religieuses et caritatives. Néanmoins, elle prônait déjà le « jihad » contre l’occupant et elle avait même envoyé des volontaires pour combattre les…