Les Béatitudes transcendent le temps et l’espace

Publié le 11 Fév 2020
Les Béatitudes transcendent le temps et l'espace L'Homme Nouveau

Après les commentaires sur les Actes des Apôtres, le Pape aborde une autre série d’allocutions lors des audiences du mercredi. Il se propose de commenter chacune des béatitudes évangéliques, qui sont comme la carte d’identité du Royaume des Cieux et donc du chrétien, retraçant en même temps le profil véritable de Jésus. Saint Matthieu, comme saint Luc, insère l’énoncé des Béatitudes dans le cadre du discours sur la Montagne destiné à illuminer aussi bien la vie des croyants que celle des non croyants. Placées en exorde, elles se présentent chez nos deux évangélistes sous deux formes différentes. Nous y trouvons, en effet, une différence non seulement d’expression, mais de signification. La série est plus longue chez saint Matthieu qui en contient huit, alors que saint Luc n’en a que quatre, mais qu’il accompagne de quatre malédictions. Tous deux ont en commun les béatitudes des pauvres en esprit, des affamés de justice, des persécutés pour la justice et des propos mensongers. Sont propres à saint Matthieu les béatitudes des doux, des miséricordieux, des cœurs purs et des artisans de paix. D’autre part, saint Luc parle de récompense dans le Ciel, alors que saint Matthieu garde l’usage sémitique du pluriel : les Cieux. Saint Luc précise les antithèses, en introduisant « maintenant ». Mais la grande différence, outre les malédictions, est que saint Luc utilise la deuxième personne : « Heureux êtes-vous… », alors que saint Matthieu parle à la troisième personne, « Heureux les doux, car ils… » Cependant, la structure reste la même dans les deux cas : une antithèse opposant deux termes a priori irréconciliables et sur lesquels pourtant se fonde la béatitude. Chacune des Béatitudes est en outre ponctuée par un « car », qui accentue à chaque fois l’antithèse.

On connaît le lieu et le site, mais aussi l’occasion de cette proclamation solennelle de Jésus : « Voyant une foule nombreuse, il gravit la montagne, leva les yeux vers ses disciples et proclama : Bienheureux… ». Le message s’adresse donc d’abord aux disciples de Jésus, mais la foule n’est pas loin et elle entend les paroles du Maître. Voilà pourquoi les Béatitudes transcendent temps et espace, s’adressant à toute l’humanité pécheresse mais en quête de salut. Ce sont les nouveaux commandements dont la pratique sous la flamme de la charité assure le vrai bonheur. Chaque béatitude contient trois parties : la proclamation de bienheureux, la situation dans laquelle se trouvent les bienheureux et enfin le motif de la béatitude indiqué par la proposition « car ». Là encore la mémoire jour un rôle décisif. Comme les juifs qui répétaient sans relâche les dix commandements, nous devons mémoriser sans cesse les huit béatitudes, ainsi que les quatre malédictions, ce qui fait douze, chiffre hautement symbolique. On remarquera que le motif de la béatitude est différent de la situation. Il est même à l’opposé. Une dernière remarque consiste dans le motif de la félicité, Jésus utilisant un futur passif : « seront pardonnés, seront appelés fils de Dieu ».

Mais qu’entend Jésus par béatitude ? Il ne s’agit pas d’une béatitude purement terrestre, mais bien d’une béatitude surnaturelle qui fait progresser dans la grâce divine et qui nous conduit sur la voie spacieuse, ardue mais nécessaire, de la sainteté, toujours en progrès ici-bas et consommée dans le Ciel. Et c’est pourquoi nous sommes heureux. Les tristes saints ne sont pas des saints. La joie doit être totale, constante et universelle, comme nous le recommande saint Paul. Que Marie, proclamée bienheureuse pas sa cousine Élisabeth, nous apprenne la joie de la sainteté !

PAPE FRANÇOIS 

AUDIENCE GÉNÉRALE

Salle Paul VI
Mercredi 29 janvier 2020

Chers frères et sœurs, bonjour!

Nous commençons aujourd’hui une série de catéchèses sur les Béatitudes dans l’Evangile de Matthieu (5, 1-11). Ce texte qui ouvre le «Discours sur la montagne» et qui a illuminé la vie des croyants, et aussi de nombreux non-croyants. Il est difficile de ne pas être touché par ces paroles de Jésus, et le désir de les comprendre et de les accueillir toujours plus pleinement est juste. Les Béatitudes contiennent la «carte d’identité» du chrétien — c’est notre carte d’identité — parce qu’elles définissent le visage de Jésus lui-même, son style de vie.

Maintenant, présentons globalement ces paroles de Jésus; au cours des prochaines catéchèses, nous commenterons chaque Béatitude, une par une.

Avant tout, il est important de savoir comment a lieu la proclamation de ce message: Jésus, en voyant les foules qui le suivent, monte sur la douce pente qui entoure le lac de Galilée, s’assoit et, s’adressant à ses disciples, annonce les Béatitudes. Le message s’adresse donc aux disciples, mais à l’horizon se trouve la foule, c’est-à-dire toute l’humanité. C’est un message pour toute l’humanité.

En outre, la «montagne» renvoie au Sinaï, où Dieu donna les Commandements à Moïse. Jésus commence à enseigner une nouvelle loi: être pauvres, être doux, être miséricordieux… Ces «nouveaux commandements» sont beaucoup plus que des normes. En effet, Jésus n’impose rien, mais dévoile le chemin du bonheur — son chemin — en répétant huit fois le mot «Heureux».

Chaque Béatitude se compose de trois parties. Il y a tout d’abord toujours le mot «heureux»; puis vient la situation dans laquelle se trouvent les bienheureux: la pauvreté d’esprit, l’affliction, la faim et la soif de justice, et ainsi de suite; enfin, il y a le motif de la béatitude, introduit par la conjonction «car»: «Heureux ceux-ci car, heureux ceux-là car…». C’est ainsi que se présentent les huit Béatitudes et il serait beau de les apprendre toutes par cœur et de les répéter, pour avoir précisément à l’esprit et dans le cœur cette loi que nous a donnée Jésus.

Faisons attention à ce fait: le motif de la béatitude n’est pas la situation actuelle, mais la nouvelle condition que les bienheureux reçoivent en don de Dieu: «car le Royaume des Cieux est à eux», «car ils seront consolés», «car ils posséderont la terre» et ainsi de suite.

Dans le troisième élément, qui est précisément le motif du bonheur, Jésus utilise souvent un futur passif: «ils seront consolés», «ils posséderont la terre», «ils seront rassasiés», «ils obtiendront miséricorde», «ils seront appelés fils de Dieu».

Mais que signifie le mot «heureux»? Pourquoi chacune des huit Béatitudes commence-t-elle par le mot «heureux»? Le terme original n’indique pas quelqu’un qui a le ventre plein ou qui a la belle vie, mais c’est une personne qui est dans une condition de grâce, qui progresse dans la grâce de Dieu et qui progresse sur le chemin de Dieu: la patience, la pauvreté, le service aux autres, la consolation… Ceux qui progressent dans ces choses sont heureux et seront bienheureux.

Dieu, pour se donner à nous, choisit souvent des voies impensables, parfois celles de nos limites, de nos larmes, de nos échecs. C’est la joie pascale, dont parlent nos frères orientaux, celle qui a les stigmates mais qui est vivante, a traversé la mort et a fait l’expérience de la puissance de Dieu. Les Béatitudes te conduisent à la joie, toujours; elles sont la voie pour atteindre la joie. Il nous fera du bien aujourd’hui de prendre l’Evangile de Matthieu, chapitre cinq, versets un à onze, et de lire les Béatitudes — peut-être d’autres fois encore pendant la semaine — pour comprendre ce chemin si beau, si sûr du bonheur que le Seigneur nous propose.

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