Mont-Saint-Michel (5/9) : Les moines pionniers du Mont-Saint-Michel

Publié le 25 Juil 2024
moine copie

L’Éthique à Nicomaque d’Aristote, c. 1250. Initiale O, f. 1 (Avranches, BM, ms. 222).

Cet été : Le Mont-Saint-Michel. L'éclat millénaire d'une abbaye

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Les nombreux manuscrits qui peuvent encore se contempler aujourd’hui au musée d’Avranches témoignent de la richesse et du rayonnement du monastère. Dès le tout début du XIe siècle, les moines montois copient les Écritures ou les textes des Pères de l’Église, puis l’histoire ou la philosophie. où Aristote à la part belle.

  À l’origine (en 708) simple oratoire, le monastère du Mont-Saint-Michel se développe au cours du IXe siècle et s’épanouit à partir de 966 sous l’impulsion du duc de Normandie Richard Ier. Son atelier d’écriture (scriptorium) commença ses activités sous le règne de l’abbé Maynard (circa 965-991). Pour constituer une bibliothèque, il faut acheter des manuscrits, s’en faire offrir, en louer d’autres pour les copier… Le scriptorium fournit ses plus belles productions entre 990 et 1190-1200 environ. Au XIIIe siècle ses activités déclinent, même si une cinquantaine de manuscrits furent encore copiés. Par la suite, son activité semble s’éteindre. La bibliothèque ne s’enrichit plus que par quelques dons. Mais pendant les deux siècles de son apogée, il y fut réalisé plusieurs centaines de manuscrits, dont une large partie a disparu du fait des accidents (effondrement de la tour de l’Horloge vers 1300), des vols, des méfaits des guerres. Il en reste aujourd’hui 203, abrités par la Bibliothèque municipale d’Avranches. Ces manuscrits furent souvent magnifiquement enluminés, mêlant des caractéristiques de plusieurs origines (carolingienne, anglo-saxonne, byzantine, ottonienne) et des innovations dues à l’inspiration des moines montois. (1) Des lettrines ornées prennent l’allure d’animaux (lions, chiens, animaux fantastiques), des illustrations colorées emplissent de nombreuses pages. L’apogée de cette floraison se situe dans le troisième quart du XIIe siècle.

La copie de livres religieux et profanes

Les moines commencèrent par recopier les Écritures, des manuscrits liturgiques (un magnifique sacramentaire), des textes des Pères de l’Église. Entre 991 et 1009 fut copié un bel exemplaire des Moralia in Job de Grégoire le Grand, texte qui influença la vie monastique ; les Dialogues du même auteur furent aussi à l’honneur. On copia également…

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Sylvain Gouguenheim

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