Une nouvelle étude sur la guerre d’Espagne continue de remettre l’Histoire à l’endroit, contre les approximations idéologiques des récents gouvernements espagnols. Après Pío Moa, Miguel Platón poursuit cette œuvre de salubrité intellectuelle à propos des exécutions du régime franquiste.
Le temps passant, la guerre d’Espagne profite aujourd’hui des recherches d’historiens indépendants, soucieux de faire la lumière sur un des événements les plus traumatiques du XXe siècle. Paradoxalement, ce travail historique entre en collision avec la récupération idéologique mise en œuvre par les gouvernements socialistes espagnols plus de quatre-vingts ans après la fin de ce conflit meurtrier. C’est dans ce cadre que les éditions de l’Artilleur ont publié en 2022 Les Mythes de la guerre d’Espagne, écrit par Pío Moa, à l’origine ardent anti-franquiste, et jetant une lumière crue sur la violence du camp républicain. C’est chez le même éditeur que vient de paraître La Répression dans l’Espagne de Franco, 1939-1975, due au travail du journaliste et historien espagnol Miguel Platón.
Les chiffres réels
La perspective est, ici, un peu différente. Il s’agit moins pour l’auteur d’étudier le déroulement de la guerre d’Espagne que ses suites, jusqu’à la mort de Franco en 1975. Il le fait à travers un angle particulièrement révélateur : le nombre de condamnations à mort et le nombre d’exécutions réelles. Il permet de déterminer ainsi par les faits et les chiffres si Franco et son camp ont exercé une vengeance impitoyable ou si, au contraire, ils ont opté pour un régime de clémence, à l’égard des adversaires d’hier. Dans cette perspective, Miguel Platón est le premier historien à avoir, pendant plus de cinq ans, étudié en détail tous les dossiers des condamnés à mort, remis à Franco pour qu’il décide en dernier lieu de leur sort. L’auteur prend soin de présenter les différentes directives juridiques prises par les nationaux et leur légitimité au regard du droit. Il détaille aussi nombre de cas concrets, faisant de son livre non pas un ouvrage froid de sentences, mais l’exposé d’un drame humain à grande échelle. Il n’embellit pas non plus l’Histoire. Ainsi Franco avait affirmé à maintes reprises que « celui qui n’a pas de sang sur les mains n’a rien à craindre de la justice » mais, dans les faits, « des dizaines de milliers de personnes qui n’avaient pas commis de « crime de sang » ont été condamnées à de longues années de prison ». Pour…