Macron en Chine : l’empire du Milieu déborde

Publié le 12 Avr 2023
Chine

Du 5 au 8 avril, Emmanuel Macron a effectué une visite d’État en République populaire de Chine. Les interviews qu’il a données dans l’avion au retour lui ont valu des volées de bois vert émanant des sphères atlantistes, à commencer par la presse française, très alignée sur Washington. Créé par Anne Sinclair et proche du Monde, le Huffington Post français a été jusqu’à écrire, parlant du président Macron et de son voyage : « Pathétique, comme d’habitude », citant avec délectation les commentaires de Garry Kasparov, le champion d’échecs opposant de Poutine. Que s’est-il donc passé ? Tout a bien commencé. Emmanuel Macron s’était adjoint la présence d’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. C’était donner de l’ampleur à sa représentation, l’élargissant à l’Europe. Il restait néanmoins le grand invité, le protocole de réception étant réservé aux seuls chefs d’État. Concernant l’Ukraine, on n’attendait aucun progrès. C’est l’intérêt de la Chine de voir la Russie devenir exsangue. Un service minimum a néanmoins été fait, promettant un hypothétique appel téléphonique de Xi Jinping, le président chinois, à Volodymyr Zelensky, son homologue ukrainien. Sur le plan de nos exportations, venus dans les bagages d’Emmanuel Macron, les représentants d’Airbus, d’EDF pour le nucléaire, CMA-CGM pour le transport maritime et quelques autres ont signé des contrats. Airbus va même doubler sa capacité en Chine. Nous connaissons néanmoins la perversité de ces pratiques : nous cédons de la technologie. Pour le dossier de Taïwan, le président français s’est bien gardé d’agacer son interlocuteur, même s’il a plaidé pour le maintien du statu quo. Certes, Xi Jinping n’a lancé ses manœuvres militaires autour de Taïwan qu’une fois son invité français parti. Un geste de courtoisie à la chinoise. Cependant, il les a quand même réalisées, avec 11 bateaux de guerre et 70 avions de l’armée de l’air. Sur le chemin du retour, Emmanuel Macron a tenté d’expliquer sa position dans une interview accordée aux Échos et à Politico. « S’il y a une accélération de l’embrasement du duopole, a-t-il dit parlant de la Chine et des États-Unis, nous n’aurons pas le temps ni les moyens de financer notre autonomie stratégique et deviendrons des vassaux alors que nous pouvons être le troisième pôle si nous avons quelques années pour le bâtir ». On comprend le projet : faire de l’Europe une puissance indépendante. Problème, dans une logique atlantiste, Ursula von der Leyen pense clairement…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Alain Chevalérias

Ce contenu pourrait vous intéresser

InternationalBioéthique

Abolition de la GPA : une semaine historique à l’Onu

Dans un rapport du 1er octobre, Reem Alsalem, rapporteur spécial des Nations unies sur la violence contre les femmes et les filles, a qualifié la gestation pour autrui de « forme d’esclavage moderne », et appelé à l’adoption d’un instrument international juridiquement contraignant interdisant la GPA « sous toutes ses formes ». 

+

gpa
International

Ce que l’Europe et l’Amérique doivent à l’Espagne. Entretien avec Marcelo Gullo (2/2)

Entretien partie 2 | Le 7 octobre, l'historien et politologue argentin Marcelo Gullo Omedeo publiait son dernier ouvrage, Lepanto : Cuando España salvó a Europa (Lépante. Quand l'Espagne a sauvé l’Europe). À cette occasion, Arnaud Imatz, docteur en sciences politiques et hispaniste, s’est entretenu avec l’auteur sur l’apport de l’Espagne dans l’histoire de l’Europe et des Amériques.

+

Espagne
International

De l’Europe à la Chine : la tyrannie des algorithmes

De l’agriculture au terrorisme, en passant par la pédophilie, l’intelligence artificielle et les algorithmes commencent déjà à prendre le pas sur la surveillance humaine. Une tyrannie qui va remettre en cause les relations et les échanges mondiaux et donc l’activité locale et nationale.

+

chine algorithme
International

Ursula von der Leyen, grande prêtresse de l’Europe 

Le 10 septembre dernier, Ursula von der Leyen prononçait le « discours sur l’état de l’Union » devant le Parlement européen. Elle a d’abord posé au chef de guerre, avant de promettre à toutes les tendances partisanes de satisfaire leurs désirs, puis de clamer son propre souhait en appelant à renforcer son pouvoir. C’était le discours d’un chef d’État et non d’un haut fonctionnaire nommé.

+

von der Leyen europe
International

L’assassinat de Charlie Kirk secoue les États-Unis

Décryptage | Militant conservateur et figure de la droite américaine, Charlie Kirk a été assassiné le 10 septembre dernier dans l’Utah (États-Unis). Sa mort a provoqué une onde de choc aux États-Unis, et même au-delà, ravivant les tensions politiques dans un contexte déjà très polarisé. 

+

Charlie kirk Amérique