L’un des quatre évêques ordonnés en 1988 par Mgr Marcel Lefebvre, Mgr Bernard Tissier de Mallerais, est décédé le 8 octobre 2024 à l’âge de 79 ans. Hospitalisé après une chute au séminaire d’Écône le 28 septembre, il était dans le coma depuis plusieurs jours. Son décès pose à nouveau la question de l’ordination de nouveaux évêques pour la Fraternité.
Né en 1945 en Haute-Savoie, Bernard Tissier de Mallerais a grandi dans une famille proche de l’Action française. Après des études et un engagement dans le scoutisme, il entre au séminaire de la Fraternité Saint-Pie X à Fribourg, en Suisse, en 1969. Ordonné prêtre en 1975 par Mgr Marcel Lefebvre, il participe activement à la formation des futurs prêtres au séminaire d’Écône, où il occupe successivement les postes de professeur, sous-directeur et directeur.
Son engagement au sein de la Fraternité s’intensifie lorsqu’il est consacré évêque le 30 juin 1988 par Mgr Lefebvre, aux côtés de trois autres prêtres. Cette consécration épiscopale, réalisée sans l’accord du Pape, entraîne son excommunication ainsi que celle de ses confrères et des deux évêques consécrateurs, Mgr Lefebvre et Mgr Castro-Mayer, prononcée le 1er juillet 1988 par le cardinal Bernardin Gantin, alors préfet de la Congrégation pour les évêques.
Un théologien de la Fraternité
En tant que théologien reconnu de la Fraternité, il a souvent exprimé la nécessité d’une réforme des enseignements issus du concile Vatican II, qu’il jugeait incompatibles avec la tradition catholique. Dans un entretien accordé à La Vie en 2009, il déclarait : « Jamais nous ne signerons de compromis ; les discussions n’avanceront que si Rome réforme sa manière de voir et reconnaît les erreurs dans lesquelles le Concile a mené l’Église. »
La levée de l’excommunication des quatre évêques en 2009 par le pape Benoît XVI a marqué une tentative de rapprochement, mais Mgr Tissier de Mallerais est resté sceptique quant à la possibilité d’une pleine communion sans concessions doctrinales de la part du Vatican. Un an plus tard, il a publié L’Étrange Théologie de Benoît XVI, dans lequel il critique certaines prises de position du Pape, confirmant ainsi son opposition aux réformes post-conciliaires.
Une vie marquée par l’engagement
Après sa consécration, Mgr Tissier de Mallerais a été secrétaire général de la Fraternité jusqu’en 1996. Parallèlement, il a dirigé la Commission canonique Saint-Charles Borromée, qui se substituait aux tribunaux ecclésiastiques pour les fidèles de la Fraternité, notamment dans les cas de nullité de mariage.
En 1991, il a joué un rôle central dans la consécration de Mgr Licinio Rangel, successeur de Mgr Castro-Mayer, contribuant ainsi à maintenir les liens avec l’Union Saint-Jean-Marie Vianney au Brésil. Cette union est devenue, en 2002, l’Administration apostolique personnelle Saint-Jean-Marie-Vianney, une juridiction épiscopale brésilienne érigée par l’Église catholique à la suite de la réintégration de la communauté dans la pleine communion avec Rome.
Depuis 2012, il résidait à Chicago, au prieuré de Notre-Dame Immaculée, tout en continuant à se déplacer régulièrement pour les ordinations et la célébration des sacrements en Europe et aux États-Unis. Polyglotte, il maîtrisait le français, l’anglais et l’allemand, avec une bonne connaissance de l’espagnol.
Vers de nouvelles ordinations ?
Le décès de Mgr Tissier de Mallerais relance la question de l’ordination de nouveaux évêques pour la Fraternité Saint-Pie X. Depuis le renvoi de Mgr Williamson en 2012, seuls deux évêques restent actifs pour administrer les sacrements et ordonner les futurs prêtres. L’argument de la « nécessité » avancé par Mgr Lefebvre en 1988 pour justifier les consécrations épiscopales est à nouveau invoqué, et l’éventualité de nouvelles ordinations reste d’actualité.
Les funérailles de Mgr Bernard Tissier de Mallerais auront lieu au séminaire d’Écône le 18 octobre prochain.
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