Cet été : Le Mont-Saint-Michel. L'éclat millénaire d'une abbaye
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Cet été : Le Mont-Saint-Michel. L'éclat millénaire d'une abbaye
Depuis 22 ans maintenant, François Jeanneau œuvre en tant qu’architecte en chef du Mont-Saint-Michel, particulièrement soumis à toutes les intempéries sur son îlot rocheux. Une tâche exigeante et passionnante que l’architecte évoque.
Entretien avec François Jeanneau, Architecte en chef des Monuments Historiques.
| Il y a un lieu qui n’a plus de secrets pour vous, puisque vous possédez la clé qui en ouvre toutes les portes. Il s’agit du Mont-Saint-Michel dont vous êtes l’architecte en chef. Quelle place occupe ce lieu parmi tous ceux dont vous avez eu la charge ?
Oh, sans nul doute la place principale. Je m’y rends deux fois par mois pour suivre les chantiers en cours. J’ai toujours à cœur de ne pas déléguer cette tâche de suivi, elle est essentielle. Et pour l’anecdote, en tant qu’architecte en chef du Mont, je suis en effet dépositaire de la clé qui dit-on ouvre toutes les portes du Mont – bien que cela relève de la légende. On dit traditionnellement qu’il s’agit de la clé d’Édouard Corroyer, premier architecte du Mont. Mais François Saint-James, conférencier au Mont et passionné du lieu, m’a confié qu’il s’agirait sans doute plus de celle de Paul Gout architecte en charge du Mont à partir de 1898. La symbolique reste là : c’est en effet entre autres cette clé qui se transmet d’architecte en chef en architecte en chef au Mont-Saint-Michel.
| Pouvons-nous justement évoquer l’histoire de ces architectes du Mont et les restaurations qui ont été mise en œuvre par chacun depuis le XIXe siècle ?
Lorsqu’Édouard Corroyer, premier architecte du Mont, arrive au Mont-Saint-Michel, celui-ci est en très mauvais état. Le jeune Prosper Mérimée nommé inspecteur des Monuments Historiques par Adolphe Thiers en 1834 a réalisé un tour de France des monuments en péril et constaté l’état de délabrement sordide du Mont. Transformé depuis 1792 en prison départementale, notamment pour les prêtres réfractaires pendant la période révolutionnaire, puis pour des forçats, il est…