Un Synode, pour quoi faire ?
À l’heure où nous terminons ce numéro, l’Assemblée spéciale du synode des évêques sur l’Amazonie ne s’est pas encore achevée. Depuis l’annonce de sa tenue et la publication du document préparatoire, bien des propos ont circulé et bien des analyses ont été proposées. Dès notre numéro du 22 juin dernier (L’HN n° 1690), nous avions pour notre part évoqué la question du célibat sacerdotal et la manœuvre de contournement envisagée, non pour l’abolir frontalement, mais pour le réduire à n’être plus qu’une option parmi d’autres. Mais le document préparatoire du synode sur l’Amazonie contenait d’autres aspects pour le moins inquiétants, notamment tous ceux qui, s’inscrivant dans le cadre de la promotion d’une écologie intégrale, préconisent en dernier ressort une approche néo-panthéiste de la Création, entre glorification de la « Terre Mère » et rites chamaniques.
Le récent rebondissement tragi-comique de l’affaire Xavier Dupont de Ligonnès, qui a valu à un retraité de se faire arrêter par erreur à l’aéroport de Glasgow, est là pour rappeler à l’ensemble de la presse les mesures élémentaires de prudence et la nécessité de ne pas se laisser entraîner par le goût de l’information spectacle, du scoop à tout prix ou des annonces précipitées. Or, nous avons assisté à ce sujet à un emballement médiatique, très révélateur de notre époque.
Conformisme idéologique
À L’Homme Nouveau, nous essayons d’éviter ce travers que la technique facilite avec les possibilités énormes qu’elle apporte en termes de diffusion et de réactivité. Il ne suffit pourtant pas aux journaux de dénoncer la concurrence des réseaux sociaux, où la rumeur et l’opinion sont confondues avec l’information et la vérité. Ils doivent tendre sans cesse à la recherche de cette dernière dans la perspective du bien commun. Mais, comment le pourraient-ils réellement dans la mesure où, pour la majeure partie des journalistes, la vérité n’existe pas ?
À vrai dire, la presse n’est pas la seule en cause. Elle n’est que l’un des maillons d’une chaîne plus globale qui enserre la réalité dans le relativisme permanent, étouffant dans l’œuf toute tentative d’exprimer la vérité. Nous avons tous en tête la célèbre question posée au Christ par ce sceptique de Ponce Pilate : « Qu’est-ce que la vérité ? » La même mise en doute campe en permanence dans la tête des professeurs, des responsables politiques, des artistes, des « élites » économiques et, hélas, jusqu’à nombre de prêtres.
Les déclarations hallucinantes que nous avons entendues récemment de la part de responsables politiques lors des débats sur l’extension de la PMA démontrent combien les mécanismes du conformisme idéologique ont puissamment agi. Si les soubassements sont évidemment philosophiques, nous ne sommes pas simplement dans une querelle d’intellectuels. Derrière les mots et les concepts, il y a une tentative généralisée de reformulation de la réalité, d’un constructivisme à marche forcée, portée par un système politico-économico-culturel à prétention religieuse, dont le régime de l’opinion et des assemblées (des conseils, des comités, etc.) constitue à la fois la garantie et le moyen privilégié (mais non unique) de conduire à l’adhésion.
Deux critères de jugement
Longtemps, l’Église avait été épargnée et avait résisté à ce processus de démocratisation à outrance. S’il n’est pas anormal que le Souverain Pontife prenne conseil – et c’était d’ailleurs l’une des fonctions des cardinaux –, il y a visiblement beaucoup d’imprudences, dans une société mue par le choc constant, voulu et organisé des opinions, à leur livrer en pâture de graves questions sur l’avenir de l’Église et touchant des points fondamentaux de sa doctrine. François n’en est évidemment pas dupe et maîtrise, semble-t-il, la conduite des discussions. Nous attendrons donc la fin de ce synode pour y revenir en profondeur.
Pour l’heure, deux questions restent pendantes. Cette démocratisation accrue dans l’Église a-t-elle augmenté l’unité et la charité alors que les catholiques sont plus que jamais divisés ? Le salut des âmes reste-t-il la raison d’être de l’Église, l’angoisse permanente de ses ministres, le cœur même de son activité ?
Si, en personnes de bonnes volontés, les catholiques sont prêts à croire en l’importance de l’écologie intégrale, celle-ci ne peut l’être qu’au titre de fin intermédiaire, dépendante en dernier ressort du salut. Au fond, y a-t-il vraiment quelque chose de plus important que le Christ et son règne sur les individus, les familles, les institutions et les nations ?