L’année de Fatima
Comment sera l’année 2017, maintenant toute proche ? Dans un livre-album récent (1917, l’année qui a changé le monde, Perrin, 320 p., 24,90 €), le directeur adjoint de la rédaction du Figaro Magazine, Jean-Christophe Buisson, revient pour sa part sur les évènements qui ont marqué 1917. Il y a cent ans, en effet, nos ancêtres étaient confrontés à la guerre et, pour beaucoup, les fêtes de Noël et du Nouvel an s’étaient déroulées au fond des tranchées, dans la neige et la boue, dans l’attente angoissée de la prochaine bataille qui allait peut-être emporter leur vie.
Cent ans après, même si notre pays et nos voisins européens sont touchés par le terrorisme, nous avons du mal à imaginer la réalité qui formait le quotidien de nos grands-parents. Une sorte d’accélération de l’Histoire s’est produite, du fait de la guerre elle-même, qui allait complètement transformer le visage du Vieux Monde et le propulser dans l’ère destructrice des idéologies totalitaires. Le fascinant développement des techniques devait jouer lui aussi un rôle déterminant, nous conduisant d’un saut, des pigeons-voyageurs et du télégraphe à l’ultra-miniaturisation de nos téléphones portables, sans parler de l’envoi des hommes dans l’espace.
Ce que montre excellemment Jean-Christophe Buisson, c’est le véritable tournant que représente 1917, année réellement décisive, comme on peut s’en apercevoir en lisant les faits rapportés dans son ouvrage et la mise en perspective que propose son analyse. Deux exemples le montreront mieux qu’une nomenclature trop précise qui dépasserait d’ailleurs le cadre de cet article.
Le premier de ces faits concerne évidemment la chute de l’Empire russe et son remplacement par le premier régime marxiste-léniniste. Celui-ci allait peser sur l’Histoire du monde pendant plusieurs décennies, entraînant avec lui l’un des plus grands massacres et un bilan en tout point catastrophique.
Le second exemple est sans commune mesure, bien qu’il ne soit pas sans lien. En 1917, la Vierge Marie apparaît à trois pastoureaux, à Fatima, un lieu perdu du Portugal, pays qui lui-même n’occupe pas la Une des journaux. En substance, Notre Dame appelle alors à la prière, à la pénitence et à la conversion. Ni dans le choix du pays visité, ni dans celui des petits voyants choisis et encore moins dans le message qu’elle apporte, la Mère du Christ ne se montre très moderne. Les « beaux esprits » d’ailleurs en feront des gorges chaudes. Et quand en plus, ils apprendront qu’elle demande la consécration à son Cœur immaculé de la Russie, qui vient de se donner au plus moderne des systèmes modernes, les « beaux esprits » feront comme ceux qui naguère en Grèce avaient renvoyé Paul en lui signifiant qu’ils l’écouteraient une autre fois…
Le Christ, l’alpha et l’oméga
Cent ans après, 2017 sera donc l’année du centenaire des apparitions de Fatima. C’est-à-dire, avant même le rappel historique de la venue de Notre Dame ou du contexte ecclésial et politique du Portugal d’alors, celui de la voie ordinaire du chrétien : prière, pénitence et conversion. L’apparition de Fatima a cent ans, mais son message reste d’une actualité brûlante et même déterminante. Il se peut, en effet, que nous soyons découragés devant les évènements qui constituent notre époque et qui contredisent dans les faits l’espèce d’optimisme béat auquel appellent à la fois l’idéologie dominante et l’accélération du développement des techniques.
Notre retour au réel contient en lui-même une part dramatique et difficile à supporter pour peu que l’on reste fixé sur la seule succession des évènements. La lucidité ne doit pas déboucher sur l’obsession. Si nous devons rester lucides, en voyant autant que possible le réel dans la complexité de sa totalité, il convient aussi de le replacer dans la perspective du véritable sens de l’Histoire, qui gouverne à la fois nos vies personnelles et celles des sociétés.
Ce sens de l’Histoire se trouve dans le Christ dont nous venons de célébrer la naissance sur terre, la nuit de Noël. Le Christ est l’alpha et l’oméga de l’Histoire humaine. Tout vient de lui, tout tend à lui. C’est à cette source surnaturelle que s’abreuve l’espérance chrétienne, thème du dossier de ce numéro. Celle-ci n’est pas une sucrerie rose, disponible en libre-service, dans le grand supermarché des religions du monde. Tout au contraire, elle est un don de Dieu, une vertu théologale et une réalité surnaturelle. Entièrement dépendante du Christ, comme le rappelle l’acte d’espérance, elle nous conduit à demander la grâce nécessaire pour vivre en ce monde et obtenir le bonheur éternel dans l’autre monde.
Sainte année 2017
C’est sur cette note d’espérance que je voudrais terminer ce dernier numéro de l’année 2016, en remerciant Dieu des nombreuses grâces qu’Il a bien voulu nous accorder, afin d’entamer dans la foi cette nouvelle année qui vient. Un grand merci également à tous nos lecteurs, toujours aussi fidèles et bienveillants, et tout particulièrement à ceux qui ont bien voulu, par leurs prières et leurs dons, soutenir L’Homme Nouveau. Le journal n’est pas en lui-même une fin en soi. Il n’existe qu’à titre de moyen, en vue d’aider ses lecteurs à mieux saisir le véritable sens de l’Histoire à travers le décryptage des évènements importants qui marquent la vie de l’Église et de nos patries, dans la fidélité à l’enseignement de l’Église. Vous êtes les garants de notre combat pour l’espérance. À tous, donc, une sainte année 2017.