Pie VII et Napoléon (2/3) : Election à Venise, le conclave de 1799-1800

Publié le 21 Août 2023
pie VII

L’élection de Pie VII eut lieu hors de Rome occupée par les troupes françaises, après la mort de son prédécesseur en exil et sous la protection de l’empereur d’Autriche, lequel avait son propre candidat et un droit de veto sur les cardinaux électeurs. Des circonstances très particulières pour commencer un règne pavé d’épreuves politiques.   Le 30 novembre 1799, la fière cité de Venise fut le théâtre d’un événement exceptionnel, en raison de la conjoncture politique italienne et européenne. 34 cardinaux trouvèrent refuge dans l’ancienne ville des Doges pour y élire un nouveau pape dans une ambiance de fin d’un monde… Rome n’est plus dans Rome L’exil avignonnais de la papauté au XIVe siècle était un lointain souvenir lorsque les armées révolutionnaires envahirent les États pontificaux, en 1796. Le Directoire projetait la conquête de Rome. En février 1798, le général Berthier prenait possession de la Ville éternelle et la République romaine était proclamée. Le vieux pape Pie VI refusa d’abandonner son pouvoir temporel et fut emmené en captivité. C’est à Valence, en France, où il fut finalement interné, qu’il mourut en août 1799. Ce pape avait pris des dispositions pour assurer l’élection de son successeur. Le jésuite belge Charles van Duerm, dans son magistral ouvrage sur le conclave vénitien publié en 1896, exhuma plusieurs documents souvent inédits relatifs à la période. En novembre 1797, Pie VI publia une bulle établissant qu’à sa mort, les cardinaux romains devraient se réunir promptement et sans inviter ceux absents de Rome (1). Une autre bulle promulguée l’année suivante abrogeait les formalités et les cérémonies « qui ne concernent pas du tout la substance de l’élection canonique » (2). Le choix du lieu était laissé à la discrétion des cardinaux. La disparition en exil du pontife et la dissolution des États de l’Église avaient mis les électeurs du pape dans une position bien délicate. Le Sacré Collège avait quitté Rome. Il lui fallait trouver un lieu sûr pour se réunir et garantir non seulement la continuité d’une papauté dépouillée de ses biens, mais aussi la liberté de l’élection du chef de l’Église. Venise, lieu de consensus ou prison autrichienne ? L’empereur germanique François II, protecteur naturel du siège apostolique, proposa aux cardinaux de se réunir à Venise. Rome venait d’être libérée du joug révolutionnaire (3) mais sa sécurité n’était pas encore garantie. La cité vénitienne était à l’écart du théâtre des opérations militaires et l’empereur assurait le conclave…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Armand Dumesniel

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneCulture

La bataille de Bouvines (1/4) : Le Dimanche de Bouvines

DOSSIER « 810e anniversaire de la bataille de Bouvines : Une victoire unificatrice » 1/4 | Combat décisif entre le roi de France et l’empereur Othon de Brunswick, la célèbre bataille de Bouvines a été racontée par plusieurs chroniqueurs du Moyen Âge. On connaît donc bien son déroulement, ses différents protagonistes, les épisodes glorieux ou malheureux qui l’émaillèrent et ses conséquences politiques déterminantes pour les destinées de la France.

+

dimanche de bouvines
A la uneCulture

Le choix de nos armes

L'Essentiel de Joël Hautebert | À rebours de l'éradication par la Révolution des traditions et coutumes locales, l'association « Recordatio » a relevé cet été le défi de réveiller la mémoire d'une des petites patries de la France, celle de la Vendée en armes. Avec l'évocation de ce passé, il s'agit de revivifier la culture française, en proposant en exemple des héros vraiment chrétiens.

+

recréation choix des armes
Culture

Hommage à Agatha Christie : Poirot, héros catholique

Culture | Début juillet dernier, répondant aux rumeurs d’interdiction totale de la messe traditionnelle catholique, une lettre « Agatha Christie bis » demandant son maintien a été publiée dans le Times, signée par une quarantaine de personnalités. Pourquoi ce titre ? En 1971, une lettre similaire, signée entre autre par Agatha Christie, fut envoyée à Paul VI. Ce serait grâce à elle qu’un indult – qui porte son nom – fut accordé à l’Angleterre. Rendons hommage à celle qui a laissé une si belle trace dans la vie religieuse catholique en évoquant son détective le plus célèbre, Hercule Poirot.

+

Agatha Christie Hercule Poirot