Le plus célèbre jésuite du XXe siècle fut autant admiré que controversé. Le Père Pierre Teilhard de Chardin fut le théoricien d’un « évolutionnisme théiste » que l’Église ne pouvait que condamner. Deux ouvrages parus dernièrement, une biographie et une analyse de ses enseignements, font le point sur la vie et les œuvres d’un religieux peu orthodoxe.
Ses écrits philosophico-théologiques, diffusés sous forme polycopiée de son vivant, n’ont pu être publiés qu’à titre posthume ; tandis que ses écrits scientifiques jalonnent toute sa carrière de géologue et de paléontologue, notamment ses longues missions scientifiques en Chine. Aujourd’hui, pour certains, il reste celui qui a su réconcilier la science et la foi, l’évolution et le christianisme. Mais dans les milieux scientifiques, plus particulièrement chez les paléontologues, son autorité reste limitée et son nom reste associé à la découverte de « l’homme de Piltdown » en 1912, le « premier homme fossile anglais », qui s’est avéré une des plus grandes impostures de l’histoire des sciences. Non que Teilhard, présent sur les lieux et lié aux « découvreurs », ait pris part directement à cette forgerie, qui sera révélée définitivement en 1953, mais il a fait preuve pendant quarante ans d’une grande naïveté sur une « découverte » qui n’était qu’une grossière fraude.
Une nouvelle biographie
Mercè Prats, qui a consacré sa thèse à Teilhard de Chardin, et qui a déjà publié un ouvrage sur les écrits clandestins du célèbre jésuite, lui consacre une biographie nouvelle, fondée sur des archives inédites (notamment celles du Saint-Office à Rome). Pierre Teilhard de Chardin est né en 1881 dans une famille de petite noblesse auvergnate. Une famille nombreuse de onze enfants où la pratique religieuse était solide. La prière se faisait le soir autour du père de famille. Toute la famille avait une grande dévotion au Sacré Cœur, à laquelle le futur jésuite restera toute sa vie fidèle, à sa manière. Ses études au collège jésuite de Mongré, à partir de l’âge de 11 ans, le conduisent à entrer au noviciat de la Compagnie de Jésus en 1899. Il fera ses études de philosophie au scolasticat de Jersey où, par un de ses condisciples, Auguste Valensin, il découvre les écrits de Maurice Blondel, le philosophe de l’immanence. Les Jésuites nourrissent aussi sa passion pour les sciences naturelles. Dans sa formation, les trois ans qu’il passe en…