En 2016, deux apparitions ont été formellement démenties tandis qu’un décret de reconnaissance a authentifié la présence de Notre Dame du Rosaire en Argentine. En matière d’apparitions, l’Église se montre prudente et le Saint-Siège peut intervenir pour confirmer, corriger ou compléter les décisions prises au niveau diocésain.
Le 22 mai 2016, Mgr Cardelli, évêque de San Nicolás de los Arroyos, en Argentine, a publié un décret qui reconnaît « le caractère surnaturel » des apparitions de Notre Dame du Rosaire. Les faits ont commencé le 25 septembre 1983 lorsque la Vierge Marie est apparue à Gladys Quiroga de Motta, une mère de famille de 40 ans qui était en train de dire le chapelet chez elle. La Mère de Dieu apparut portant l’Enfant Jésus dans les bras et un rosaire entre les mains. Les apparitions furent d’abord silencieuses puis, à partir du 13 octobre 1983 (sixième apparition), la Vierge Marie a commencé à délivrer des messages. Parmi ceux-ci, il y a la demande de construction d’un sanctuaire.
Un premier rapport positif
Dès le mois d’avril 1985, l’évêque du diocèse avait institué une Commission d’enquête, pour interroger la voyante, étudier les messages reçus et examiner les guérisons « ayant une relation apparente avec ces évènements ». Quelques mois plus tard, le 25 octobre, la Commission rendait un rapport positif et l’évêque du diocèse autorisait la publication d’images, l’édition des messages reçus de la Vierge, la construction d’un sanctuaire dédié à Notre Dame du Rosaire et demandait au curé de la paroisse, où se trouve le terrain de la future église, d’y organiser et diriger « les cérémonies religieuses et la récitation du très saint rosaire ».
Il est à noter que cette prise en charge « pastorale » des évènements de San Nicolás a lieu avant que les apparitions ne soient terminées. Les apparitions et messages étaient déjà devenus quotidiens et dureront jusqu’au 11 février 1990. De 1983 à 1990, la Vierge Marie aura délivré 1 804 messages, souvent en référence à un ou deux passages de l’Écriture sainte. Ces messages ont été publiés intégralement, avec l’imprimatur de l’évêque du diocèse en date de 14 novembre 1990.
Le décret de reconnaissance canonique pris en mai dernier est l’ultime étape d’un accompagnement pastoral et d’un discernement spirituel qui ont commencé dès les premiers temps des apparitions.
Sur le plan historique, ces apparitions de la Vierge Marie à San Nicolás ne ressemblent pas, en certaines de ses particularités, à celles qui ont été reconnues jusque-là par l’Église ; notamment les 1 804 « messages » délivrés à Gladys Quiroga de Motta ne sont sans doute pas de même nature que les paroles, beaucoup plus rares et brèves, transmises par Bernadette à Lourdes et Lucie à Fatima.
Deux interventions romaines négatives
En matière de révélations privées, le Saint-Siège peut aussi intervenir en dernière instance. Deux interventions récentes sont à relever.
Le 29 mai 2016, la Curie épiscopale du diocèse de Sora-Cassino-Aquino-Pontecorvo, en Italie, a publié un communiqué officiel pour faire connaître un jugement de la Congrégation pour la Doctrine de la foi sur les présumées apparitions de l’Enfant Jésus qui ont commencé en 1947 à Gallinaro (Italie), ont pris un nouveau développement à partir de 1974 avec des apparitions de la Vierge et ont abouti à la constitution en 2015 d’une « Église chrétienne universelle de la nouvelle Jérusalem ». Le Communiqué affirme que cette « organisation pseudo-religieuse » est « en opposition absolue à la doctrine catholique » et que les fidèles qui y adhèrent encourent l’excommunication latæ sententiæ pour « délit canonique de schisme ».
Le 31 mai 2016, un autre décret a été publié directement par la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Il est affirmé que les apparitions de la Vierge Marie dont aurait bénéficié une jeune religieuse du Carmel de Lipa (Philippines) entre le 12 septembre et le 12 novembre 1948, ne sont « pas d’origine surnaturelle ». Une première enquête, en 1951, avait conclu au caractère « non surnaturel » des faits, notamment parce que la Vierge Marie s’y serait présentée comme « Médiatrice de toutes grâces », expression théologiquement délicate. En 2005 néanmoins, parce que la dévotion à Notre Dame Médiatrice de toutes grâces avait perduré, Mgr Cabrera Argüelles, archevêque de Lipa, avait rouvert le dossier et le 12 septembre 2015 il publiait un décret d’approbation qui affirmait que « les évènements et apparitions de 1948 (…) présentent réellement un caractère surnaturel et sont dignes de foi ». La Congrégation pour la Doctrine de la foi, après une nouvelle étude de la question, contredit donc ce jugement de l’archevêque de Lipa et annule son décret.