En commentant le passage évangélique de la guérison du sourd muet lors de l’angélus du 5 septembre, le Pape en profite pour développer un point méconnu ou du moins oublié, mais d’une grande importance : le rôle de l’écoute dans la vie spirituelle.
L’écoute est très liée au silence. Et ce n’est pas un hasard si le Pape développe ce thème précisément par rapport à un sourd muet. Il était muet parce qu’il était sourd. Il ne pouvait pas parler parce qu’il ne pouvait entendre. Est-ce que cela voudrait dire que tous ceux qui parlent savent entendre, savent écouter ? Non bien sûr et nous le savons bien. C’est qu’il y a écoute et écoute. On remarquera d’abord qu’en latin le terme d’écouter a la même racine que celui d’obéir. Et si l’on ajoute que la notion biblique d’écoute est beaucoup plus large que celle de la simple écoute sensible, on comprendra l’enjeu de notre question. Pour la Bible, celui qui écoute ne se contente pas d’entendre. Il conserve ensuite par le silence dans son cœur, comme Marie, les paroles entendues et les médite pour les mettre en pratique. On comprendra aussi alors pourquoi, alors que nous avons des oreilles pour entendre, nous n’arrivons pas à écouter au sens biblique du terme. Pourquoi ? Tout simplement parce que s’il existe bien une écoute purement extérieure, il y a aussi une écoute intérieure, de même qu’il y a une surdité purement extérieure et une surdité intérieure. Et nous savons que cette surdité intérieure c’est-à-dire la surdité du cœur est pire que la simple maladie extérieure. Et cela est très grave. Trop souvent nous entendons, mais nous n’écoutons pas, en tout cas pas dans le sens biblique. Or l’écoute fait partie de la charité. Pour comprendre les autres, il faut savoir les écouter. Et ce n’est qu’en les écoutant qu’au besoin nous pourrons les corriger. Et si tous doivent être des hommes d’écoute, le prêtre qui est médecin des âmes doit savoir écouter. Il ne doit pas regarder toujours sa montre, mais être disponible pour aider et guérir après avoir entendu le besoin réel et profond de l’autre. Souvenons-nous toujours que la guérison du cœur commence par l’écoute. « Mais ils sont ennuyeux, redisent toujours la même chose ». Qu’importe, écoutez et après vous guérirez. C’est ce qu’a fait Notre Seigneur dans ce passage évangélique.
Pour bien écouter, il faut que tout se taise. Ce n’est pas dans le fracas ahurissant de nos sociétés hyper bruyantes que l’on pourra écouter convenablement. Le silence très proche de l’humilité est en réalité nécessaire pour l’écoute et plus précisément dans le cadre spirituel de l’écoute filiale à son directeur. Il apparaît indispensable pour celui qui, se sachant disciple, ne cherche qu’à écouter son maître. Par là le silence est proche de l’obéissance (et donc de l’écoute selon le sens biblique) et ceux qui approchent Dieu de plus près deviennent de grands silencieux. S’adressant au monde entier lors de la messe de l’inauguration de son pontificat, Jean-Paul II disait fort justement : « Laissons donc tomber les paroles. Que reste seulement le grand silence devant Dieu, le silence qui se traduit en prière ». Pour rester dans de telles dispositions ou pour les acquérir, recourons à Marie, dont le silence-écoute a fait fleurir la parole sortie de son cœur humble : Magnificat ! Ayons aussi recours à saint Joseph, le parfait silencieux, parfait obéissant et humble au point d’être appelé « juste » par saint Matthieu et qui a toujours écouté la parole de l’ange. Que Marie toujours ouverte à l’écoute nous aide à écouter Jésus, dans l’Évangile, dans l’Église et dans nos frères.