L’Église catholique consacre traditionnellement le mois d’octobre aux Missions. Du 13 au 20 octobre 2024, la Semaine Missionnaire Mondiale appelle les catholiques à la prière et au partage, pour soutenir la vie et la mission des Églises locales du monde. Elle a été instaurée par le pape Pie XI en 1926. Entretien avec l’abbé Matthieu Bévillard, membre de la communauté des Missionnaires de la Miséricorde Divine.
| Quelles ont été les principales initiatives réalisées par les Missionnaires de la Miséricorde Divine durant cette semaine ?
Nous n’avons pas modifié notre programme habituel pour cette semaine missionnaire, car nous sommes engagés toute l’année dans des actions d’évangélisation. Cependant, nous avons cherché à les concentrer davantage. Par exemple, nous avons organisé un chapelet public sur la place de l’église à Toulon, invitant les paroissiens ainsi que les passants à se joindre à nous. Nous avons distribué des chapelets et expliqué la prière du « Je vous salue Marie ». C’était une belle manifestation de notre foi.
De plus, nous avons mené des actions d’évangélisation de rue. Nous avons installé un stand sur la grande place, invitant les gens à entrer dans l’église, distribuant des évangiles et des images, et engageant la conversation avec eux. Ces initiatives ont été réalisées avec toute la paroisse et avec un groupe de jeunes étudiants.
Nous avons également proposé des adorations animées, laissant les portes de l’église grandes ouvertes et accueillant chaleureusement ceux qui souhaitaient prier. Bien que répondre aux objections et discuter de la foi soit important, nous croyons que c’est le Seigneur et le Saint-Esprit qui touchent les cœurs. Créer une rencontre et prier ensemble est essentiel pour ouvrir les âmes.
| Qu’apporte la mission dans la vie d’un catholique ?
Nous nous sommes aperçus qu’il y a une immense joie dans la mission. Ce n’est pas juste une simple activité, on en ressort transformé. Bien sûr, on y va parfois avec appréhension, en se demandant comment on va être reçu. Mais finalement, parler de la foi est ce qu’il y a de plus beau et profond. Quand on arrive à le partager, et qu’on voit chez les gens un véritable désir, une soif, et parfois même une conversion, cela nous bouleverse.
Cela nous apprend aussi beaucoup sur nous-mêmes : on réalise qu’on n’est pas assez formés, qu’on ne prie pas assez, que notre relation avec le Seigneur pourrait être plus forte. Mais tout cela nous motive, avec une joie profonde de partager.
Nos différents groupes paroissiens – couples, jeunes – reçoivent systématiquement chaque année une proposition de mission. C’est un pilier essentiel pour structurer ces groupes et leur donner un élan missionnaire, afin de ne pas se refermer sur eux-mêmes. En cela on participer à la vie de l’Église. La mission est une des raisons d’être de l’Église.
| Comment ces actions s’inscrivent-elles dans la mission à long terme de l’Église et des Missionnaires de la Miséricorde Divine ?
Nous avons des événements réguliers, comme une adoration le premier vendredi de chaque mois, où le Saint-Sacrement est exposé jusqu’à 23 heures.
Nous menons également des maraudes dans le quartier, invitant les gens à entrer dans l’église et offrant des bougies pour qu’ils puissent déposer une intention de prière.
Un autre aspect de notre mission est le porte-à-porte, qui permet de tisser des liens authentiques avec les habitants. Ces rencontres créent une continuité dans nos échanges, car nous pouvons les réinviter à des événements et maintenir une relation durable.
| Comment les personnes abordées réagissent-elles ?
Environ 95 % des personnes accueillent nos initiatives très positivement. Nous travaillons principalement dans des quartiers à forte population musulmane, où l’accueil et la famille sont des valeurs centrales.
Seuls 5 % des personnes se montrent désintéressées ou fermées, mais nous essayons toujours d’établir un dialogue. Souvent, une simple question peut ouvrir la porte à une conversation enrichissante.
| Qui sont ces gens ? Ont-ils déjà entendu parler de Dieu ?
Il est généralement facile de discuter avec les musulmans, car ils s’intéressent à la question de Dieu et connaissent Jésus. En revanche, parmi les français de culture chrétienne, beaucoup se disent athées mais sont en réalité plutôt agnostiques, croyant en quelque chose sans savoir quoi. Engager la conversation avec eux est donc possible et parfois fructueux.
| Quels défis avez-vous rencontrés dans l’organisation des activités, et comment les avez-vous surmontés ?
Nous n’avons jamais rencontré d’interdiction formelle. Nos principaux défis consistent à éveiller l’intérêt des gens pour les dimensions spirituelles, surtout chez les agnostiques, souvent préoccupés par des questions matérielles. Pour cela, nous utilisons la culture comme levier, en invitant les gens à visiter l’église et à prendre un moment de silence. Ce temps de prière peut alors ouvrir des perspectives spirituelles.
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