Si Le Nôtre m’était conté…

Publié le 16 Nov 2013
Si Le Nôtre m’était conté… L'Homme Nouveau

C’est sous ce beau patronage, qui rappelle Sacha Guitry et sa verve si française, que Versailles d’une certaine manière nous apparaît toujours. Il y a quatre cents ans, c’est pourtant à Paris et non à Versailles que naissait André Le Nôtre (1613-1700), qui allait embellir Versailles de ses jardins et de ce fait marquer à jamais la France, en lui donnant le goût de l’ordre et de l’harmonie. René de Girardin sera sévère avec lui qui verra dans l’art de la symétrie la disgrâce de l’ennui.

bouchenot
Loin des images faciles

Et, pourtant ! On connaît si peu André Le Nôtre que l’on risque de se tromper sur ses desseins et sur l’art qu’il inscrivit dans la réalité des jardins. À ce sujet, il faut lire la biographie que lui consacre Patricia ­Bouchenot-Déchin, qui va plus loin, beaucoup plus loin, que les images faciles, les détails convenus, les affirmations gratuites (Fayard, 656 p., 27 €). Cette chercheuse bouscule la légende de l’homme parti de rien, sa bêche sur l’épaule et son chapeau à la main. Elle traque la vérité du personnage dans tous les indices laissés à notre disposition.

Un héritier

Orsenna

À vrai dire, le jardinier du roi nous apparaît bien comme un héritier. Il n’est pas cet homme moderne, qui prétend se faire seul et construire son savoir en partant de rien. Il est proche des milieux scientifiques de son époque, fréquente Poussin et le Bernin. Il a reçu beaucoup et c’est pourquoi il peut renouveler complètement cet art des jardins, imposer sa marque et son ambition. Érik Orsenna, qui en a dressé un portrait particulièrement vivant, le voit autant en chef d’orchestre qu’en visionnaire (Gallimard, coll. « Folio », 158 p., 5,40 €). Il dresse le portrait d’un homme heureux. Mais la force de Le Nôtre, c’est peut-être aussi d’avoir su servir les plus grands, et notamment les ennemis de Louis XIV, tout en parvenant à conquérir le roi lui-même et à le placer au centre de l’ordre cosmique, rappelant ainsi les liens indéfectibles entre l’homme et la nature.

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Une leçon de civilisation

Versailles ne fut pas le seul lieu de ses exploits. Dans le magnifique hors-série que Le Figaro lui consacre, on admire la vue de ses jardins si parfaitement dessinés et qui s’intègrent si bien dans l’art éclatant d’une France fière d’elle et conquérante (114 p., 8,90 e, en kiosque). L’Histoire se fait ici leçon de civilisation. On se prend à rêver !

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