Il est rare qu’une demi-heure d’émission télévisée à une heure de grande écoute soit consacrée à une expérience de Dieu. C’est pourtant ce qui s’est passé fin avril, à l’émission « La Grande Librairie ». Les deux combattants en lice venaient d’écrire des livres radicalement opposés sur un sujet proche, la foi et l’athéisme. L’écrivain et essayiste Éric-Emmanuel Schmitt, issu d’une famille athée, racontait son cheminement lumineux de conversion au catholicisme relaté dans son dernier ouvrage, écrit à la suite de son pèlerinage en Terre sainte (1) ; tandis qu’André Comte-Sponville, d’une famille catholique, a publié sa conversion du catholicisme à l’athéisme dans son livre La Clé des champs (2), série d’articles et d’essais pessimistes sur la souffrance et la mort, et qui renie la foi, dont la seule ambition selon lui est de pouvoir expliquer et accepter l’inacceptable. Deux hommes, deux livres, chacun relatant avec sincérité son expérience religieuse vécue.
La confrontation fut au plus fort lorsque le présentateur évoqua les Pensées de Pascal. Pour Schmitt, Pascal souligne tout ce qui nous dépasse et qui nous faire arriver à la grâce surnaturelle de façon souvent fortuite, alors que Comte-Sponville ne voit en lui que le scepticisme d’un « maître d’incroyance », qui n’offre que des arguments sans solutions.
Défendant le philosophe, Schmitt avance que l’homme a besoin de sens; l’esprit est aussi le cœur. L’athée, de son côté, croit à la mort et au néant et plaide pour l’euthanasie. Il n’en finit pas d’exprimer son insatisfaction et sa pauvre tentative de s’inventer une spiritualité laïque.
Le pèlerin de Jérusalem, animé par un espoir, un peut-être, raconte son périple à la suite d’une illumination, une sorte de « nuit de feu » passée il y a quelques années dans le désert. Lorsqu’il a foulé la Terre sainte, sa foi, jusque-là plutôt intellectuelle, a pris corps. « L’ordinaire est devenu extraordinaire », disait-il. Apercevant une divine présence, il a cru à l’Incarnation. Devant le Saint-Sépulcre, malgré la foule, il a saisi l’humilité de la foi et pense maintenant à sa mère défunte, car Dieu est aussi une famille.
En effet, le chrétien a pour mission de chercher Dieu et… de le trouver. Marie et Joseph en pèlerinage à Jérusalem retracent leurs pas pour retrouver l’enfant Jésus, âgé de 12 ans, au Temple. Pendant ce temps-là, dans le monde d’aujourd’hui, on veut bien chercher Dieu mais la plupart du temps sans le trouver. Car…