Le 26 juillet, la garde présidentielle du Niger renversait Mohamed Bazoum, le président du pays. Le chef de la garde, le général Abdourahamane Tiani, prenait la direction du « Conseil national pour la sauvegarde de la patrie » (CNSP) et s’autoproclamait chef de l’État. Mohamed Bazoum, retenu en résidence surveillée avec sa femme et son fils, refusait de démissionner. Après la Guinée, le Mali et le Burkina Faso, depuis 2020, c’est le quatrième pays de la région dans lequel les militaires se sont emparés du pouvoir par la force. Or, à la suite de la chute du Mali et du Burkina, le Niger héberge la coordination de la lutte contre la menace des islamistes radicaux dans le Sahel. On compte 1 500 militaires français et 1 100 Américains, auxquels s’ajoutent quelques Allemands et Italiens déployés pour les mêmes raisons. Sans oublier que la France, comme le reste de l’Europe sous la pression des approvisionnements énergétiques, dépend en partie du Niger pour ses ressources d’uranium. Face à une crise de dimension sahélienne, de plus quand des unités de Wagner pilotées par Moscou risquent, comme au Mali et au Burkina, de prendre pied au Niger, on aurait pu s’attendre à une harmonisation du comportement des pays occidentaux. Il n’en est rien. Au Mali, puis au Burkina, Emmanuel Macron avait cédé aux injonctions des mutins en retirant les forces françaises de ces deux pays. Aujourd’hui, il répond d’un ton plus ferme. Il déclare qu’il ne tolérera « aucune attaque contre la France et ses intérêts » et il évacue nos ressortissants. Les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) semblent d’abord le suivre et adressent un ultimatum aux rebelles nigériens : ils menacent d’une intervention militaire si, le 6 août, le pouvoir n’est pas rendu à Mohamed Bazoum. Le Sénégal se dit prêt à mobiliser son armée, la Côte d’Ivoire et le Nigeria semblent eux aussi sur cette ligne. Néanmoins, les autres pays sont plus hésitants et, à l’échéance de l’ultimatum, face aux putschistes restés sur leur position, la CEDEAO n’attaque pas. Elle maintient cependant la suspension des transactions financières et commerciales qu’elle a décrétée contre le Niger quelques jours plus tôt. C’est qu’entre-temps Victoria Nuland, numéro deux des Affaires étrangères américaines, s’est rendue à Niamey, capitale du Niger. Les États-Unis sont partisans d’une solution négociée et la plupart des chefs d’État de la CEDEAO préfèrent finalement cette…
2024, l’année de l’Occident détrôné
Décryptage | Cette année 2024 a marqué un pas supplémentaire dans le recul de l'Occident au Moyen-Orient, place laborieusement acquise au cours du XIXe siècle. De son côté, la Chine prend indubitablement la place des États-Unis, brandissant les intérêts en lieu et place des droits de l'homme.