Le discours d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, prononcé le 10 septembre devant le Parlement, a tenté de satisfaire tous les partis, avec une attitude de chef de guerre.
Le 10 septembre dernier, Ursula von der Leyen prononçait le « discours sur l’état de l’Union » devant le Parlement européen. Ce pastiche des usages des États-Unis annonce tous les ans les grandes lignes de la politique de la Commission européenne pour les douze mois qui viennent. La présidente de la Commission a d’abord posé au chef de guerre, avant de promettre à toutes les tendances partisanes de satisfaire leurs désirs, puis de clamer son propre souhait en appelant à renforcer son pouvoir. Le tout dans un style sobre, fait de phrases lapidaires, se limitant parfois à trois ou quatre mots. En clair, c’était le discours d’un chef d’État et non d’un haut fonctionnaire nommé. Du moins si nous pensons en termes de démocratie. La méthode pour convaincre n’est pas nouvelle. D’autres, comme Vladimir Poutine, Benjamin Netanyahou voire Volodymyr Zelensky, se servent aussi de la guerre pour étendre leur contrôle sur les institutions de leur pays. Mais que cela se passe dans notre vieille Europe sans provoquer de réactions a quelque chose de surprenant.
Ils sentent la terre trembler
Dès les premiers mots, Ursula von der Leyen s’émouvait « des difficultés que les Européens rencontrent au quotidien. Ils sentent la terre trembler sous leurs pieds, dit-elle. Ils s’aperçoivent que plus ils travaillent et plus leur vie est difficile (…) Ils subissent le rythme effréné des changements dans leur vie et dans leur carrière ». Tout le monde vous dira qu’elle n’est pas pour rien dans l’affaire, avec les trains de normes imposées par les institutions européennes. Elle avait une autre vision des causes de nos difficultés. Pour elle, l’extérieur est responsable, parce que « les lignes d’un nouvel ordre mondial basé sur la force se dessinent en ce moment même ». Alors elle lança, tel un défi : « Donc, oui, l’Europe doit se battre. » Mais contre qui ? Elle ne le dit pas, mais, immédiatement sur le ton du mélodrame, elle évoqua la guerre d’Ukraine avec l’histoire d’un gosse nommé Sacha, kidnappé par les forces russes puis sauvé par sa grand-mère. Alors oui, c’est vrai, même si nos intentions n’ont pas toujours été dénuées…