L’Église fête aujourd’hui à son calendrier universel, sainte Jeanne d’Arc, vierge. Il s’agit d’une mémoire obligatoire pour l’Église de notre pays. En France, cette fête est avancée au deuxième dimanche du mois de mai, afin de faire coïncider la fête liturgique avec la fête nationale de Jeanne d’Arc.
Une fête nationale ?
Aux lendemains de la Première Guerre mondiale, la Chambre des députés et le Sénat votèrent l’institution d’une fête nationale en l’honneur de Jeanne d’Arc, héroïne française et incarnation des vertus patriotiques et militaires nationales sur proposition du député et écrivain Maurice Barrès. Votée le 10 juillet 1920, cette loi instaurait une fête nationale non fériée, célébrée le deuxième dimanche du mois de mai, au plus près de la date anniversaire de la libération d’Orléans, le 8 mai 1429, par l’armée placée sous le commandement de sainte Jeanne d’Arc. Bien que peu médiatisée, cette fête nationale est toujours en vigueur.
Une fête religieuse ?
Condamnée par un tribunal ecclésiastique, brûlée le 30 mai 1431, Jeanne d’Arc fut réhabilitée par le pape Calixte III. Léon XIII autorisa l’ouverture de son procès canonique. Elle fut béatifiée en 1909 par le pape saint Pie X, puis canonisée en 1920 par le pape Benoît XV. Deux ans plus tard, le pape Pie XI reconnut officiellement la Vierge Marie comme patronne principale de la France et sainte Jeanne d’Arc comme patronne secondaire. Pie XII devait y adjoindre en 1944 sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, elle-même particulièrement dévote à la sainte de la patrie. La date de la fête de sainte Jeanne d’Arc est celle de sa naissance au Ciel, c’est-à-dire le jour anniversaire de sa mort.
Que nous apprend sainte Jeanne d’Arc ?
De nombreuses leçons peuvent être tirées de cette vie pourtant courte. Née en 1412, morte en 1431, à l’âge de 19 ans, Jeanne d’Arc fut une étoile filante dans le ciel français. Elle nous enseigne notamment l’enracinement dans la petite patrie, qui n’est ni opposée à la grande (la France), ni à l’unité catholique. Sa vie est fondée sur la prière – « Dieu, premier servi » –, ce dont elle vit dès l’enfance. Elle témoigne de la réalité de la vocation, cet appel et ce dessein de Dieu sur chacun de nous. Vocation à laquelle elle répondit de manière exemplaire, en remplissant une mission qui était une folie aux yeux du monde.
Cette primauté de la contemplation qui illustre sa vie débouche sur une véritable action et elle a montré que les vertus militaires et patriotiques pouvaient parfaitement s’insérer dans le dessein de Dieu, le servir et conduire à la sainteté. Sa mission – faire reconnaître la légitimité du roi de France et faire reconnaître à celui-ci qu’il n’est que le premier serviteur de Dieu, vrai roi de France, comme « lieutenant du Christ » – souligne la primauté du bien commun temporel, ordonné lui-même à Dieu. Cette union, sans confusion ni séparation des deux domaines, incarne l’équilibre et l’harmonie de la vision chrétienne de la politique. Elle nous enjoint, comme laïcs, à contribuer au bien commun temporel, à l’engagement politique, dans la fidélité à la doctrine de l’Église et sans nous laisser séduire par les idoles modernes.
Pour aller plus loin :
Jeanne d’Arc ou la légitimité surnaturelle : un entretien avec Jacques Trémolet de Villers: