Cette année 2024 a marqué un pas supplémentaire dans le recul de l’Occident au Moyen-Orient, place laborieusement acquise au cours du XIXe siècle. De son côté, la Chine prend indubitablement la place des États-Unis, mettant en avant les intérêts là où ces derniers brandissaient les droits de l’homme.
Le 8 décembre dernier, Damas tombait aux mains de l’opposition armée et Bachar al-Assad prenait le chemin de l’exil. Comment ne pas s’en réjouir, même si les rebelles sont aujourd’hui dominés par les islamistes et si l’Occident, autrefois premier soutien à la révolution syrienne, est aujourd’hui hors jeu. S’en réjouir, parce que ce régime faisait passer les autres tyrannies du Moyen-Orient pour des lieux de séjour idylliques. Les prisons y étaient un concentré d’horreurs et le régime des Assad a été mêlé à la plupart des assassinats perpétrés au Liban voisin, de celui d’un ambassadeur de France, Louis Delamare, en 1981, à celui de Rafic Hariri en 2005. Soyons clairs : l’allégation selon laquelle le régime des Assad servait de protecteur aux chrétiens de la région est une affabulation. Il ne protégeait que ses clients, chrétiens ou sunnites. Pire, pendant la guerre civile au Liban, la Syrie menait la danse de tous les clans musulmans contre les chrétiens qui vivaient sous la menace de l’artillerie de Hafez al-Assad.
Une erreur
Alors oui, en 2011 l’Occident a eu raison de soutenir la révolution contre ce régime. Mais au tournant de 2016, il a commis un crime en abandonnant ceux qu’il avait soutenus. Parce que, agissant ainsi, il a laissé le terrain libre à d’autres : les Iraniens et les Russes d’une part, les organisations radicales islamistes, comme Al-Qaïda et Daech, d’autre part. Si aujourd’hui nous avons des reproches à faire, c’est à nous-mêmes, tout en espérant que nos remplaçants, de faux amis comme la Turquie et le Qatar, sauront maintenir dans leur bouteille les mauvais génies islamistes d’al-Joulani, nouvel homme fort de la Syrie et ancien d’Al-Qaïda et Daech. Bien sûr, grâce à Israël, l’Occident croit avoir toujours la main au Moyen-Orient. On peut s’en convaincre à Paris ou à Washington, mais pas sur les bords du Bosphore ou à Beyrouth, tant la haine de l’Etat hébreu y atteint des summums jusqu’au golfe Arabo-Persique. Pire, montrer la moindre connivence avec Tel-Aviv revient à se fermer les portes de tout le Moyen-Orient, sinon chez quelques potentats corrompus. Voilà pourquoi l’Occident y perd…