5e dimanche de Pâques : Rester des sarments bien vivants

Publié le 20 Mai 2015
5e dimanche de Pâques : Rester des sarments bien vivants L'Homme Nouveau

Le cinquième dimanche de Pâques, le Pape a consacré son homélie à l’épisode de la vigne et des sarments, que l’on trouve au chapitre 15e de l’évangile de saint Jean.

Ce passage fait partie du discours d’adieu de Jésus à ses Apôtres, discours au cours duquel Notre Seigneur annonça les merveilles de la charité fraternelle, preuve certaine de la nouvelle vie que tous les chrétiens doivent mener en tant que disciples du Christ. Cette péricope, par l’allégorie de la vigne et des sarments, nous fait comprendre la nécessité d’une vie intime avec les Trois pour reprendre la belle expression de la bienheureuse Élisabeth de la Trinité. Mais cela n’est possible que loin des attraits et des passions du monde, c’est-à-dire loin des commérages que le Pape dénonce à nouveau fortement. Il n’y a rien en effet de plus contraire à la charité que de critiquer son prochain en présence d’autrui surtout lorsque ce prochain est absent et qu’il ne peut se défendre.

Porter du fruit

Par l’allégorie de la vigne, Jésus enseigne la nécessité de l’union vitale avec Lui, pour pouvoir porter du fruit et avoir la vie en abondance. Mais Il précise que cela ne peut se faire sans souffrance. Pour donner des fruits, pour ne pas devenir des rameaux desséchés qui finirons au feu, on doit se conformer en tout à Jésus qui le premier a emprunté l’âpre chemin de la Croix. C’est pourquoi, à la fin de ce même chapitre 15, Jésus annonce à ses Apôtres que le monde les rejettera, après l’avoir rejeté lui-même. Mais, pour surmonter la haine et la passion du monde, Jésus annonce également aux siens la venue de l’Esprit Saint, le Paraclet, et la nécessité de son départ pour l’enfantement d’un monde nouveau dans ce même Esprit, la foi et l’union à Dieu demeurant les garanties de la paix et de la joie, preuves certaines du véritable christianisme.

Le mot clé de cette péricope est le verbe « demeurer ». Si nous ne demeurons pas en Jésus, nous ne pourrons jamais porter de fruits. Et il faut savoir se poser souvent cette question avec le Pape, en guise d’examen de conscience : est-ce que je demeure en Jésus, est-ce que Jésus demeure en moi ? Ou bien au contraire, me suis-je éloigné de Jésus ? Et ici la réciproque n’est jamais possible, car Jésus ne s’éloigne jamais de nous, c’est tout le contraire. Il se tient toujours à la porte, attend que l’on frappe, que l’on entre et que l’on mange avec Lui (cf. Ap. 3, 20-21). On sait que Dom Delatte a consacré toute sa conception de la vie spirituelle autour de ce mot demeurer.

Demeurer = aimer

Ce mot clé est employé 40 fois dans le quatrième évangile et 26 fois dans les Épîtres de saint Jean. Il entend signifier l’impossibilité absolue de fructifier sans le Christ dans l’ordre du salut. Saint Augustin l’a fort bien démontré dans son Traité sur Saint Jean. Dans la pensée de l’évangéliste, le mot demeurer est finalement l’équivalent d’aimer. Grâce à Jésus, la Trinité doit pouvoir se sentir bien dans l’âme du vrai disciple, pour qu’elle puisse y établir sa demeure. L’amour doit se vivre dans une relation véritable avec Dieu, dont le verbe demeurer est la plus haute expression. Demandons à Marie, la toute-puissance suppliante, qui conservait dans la joie, l’amour et le silence toutes les grandes choses que le Seigneur avait faites pour elle, de rester des sarments bien vivants de la vigne du Seigneur. Sans cette prière à Marie, sans la prière tout court du reste, comme le dit le Pape, nous ne pourrons jamais rester unis au Seigneur. Tirons-en la leçon.

L’homélie du pape François le 3 mai 2015

Un mot que Jésus répète souvent, surtout au cours de la Dernière Cène, est : « Demeurez en moi ». Ne vous détachez pas de moi, demeurez en moi. Et la vie chrétienne est précisément ce demeurer en Jésus. Voilà la vie chrétienne, demeurer en Jésus. Et Jésus, pour bien nous expliquer ce qu’il veut dire par là, utilise cette belle figure de la vigne : « Je suis la vigne véritable, vous les sarments » (cf. Jn 15, 1.5). Et chaque sarment qui n’est pas uni à la vigne finit par mourir, il ne donne pas de fruit; et ensuite il est jeté, pour faire du feu. Il en faut beaucoup pour cela, pour faire le feu — ils sont nombreux, très utiles — mais pas pour donner du fruit. En revanche, les sarments qui sont unis à la vigne, reçoivent de la vigne la sève vitale, et ainsi se développent, croissent et donnent les fruits. Simple, une image simple. Demeurer en Jésus signifie être uni à Lui pour recevoir la vie de Lui, l’amour de Lui, l’Esprit Saint de Lui. C’est vrai, nous sommes tous pécheurs, mais si nous demeurons en Jésus, comme les sarments à la vigne, le Seigneur vient, nous émonde un peu, afin que nous puissions donner davantage de fruit. Il prend toujours soin de nous. Mais si nous nous détachons de là, si nous ne restons pas dans le Seigneur, nous ne sommes chrétiens que dans les paroles, mais pas dans la vie ; nous sommes chrétiens, mais morts, parce que nous ne donnons pas de fruit, comme les sarments détachés de la vigne.

Recevoir de Jésus la vie

Demeurer en Jésus signifie avoir la volonté de recevoir la vie de Lui, également le pardon, également l’élagage, mais le recevoir de Lui. Demeurer en Jésus signifie chercher Jésus, prier, la prière. Demeurer en Jésus — et cela est la chose la plus difficile — signifie faire ce qu’a fait Jésus, avoir la même attitude que Jésus. Mais quand nous « faisons la peau » aux autres [lorsque nous parlons mal des autres], par exemple, ou lorsque nous nous prêtons aux médisances, nous ne restons pas en Jésus. Jésus n’a jamais fait cela. Lorsque nous sommes menteurs, nous ne restons pas en Jésus. Lui ne l’a jamais fait. Lorsque nous trompons les autres avec les sales affaires qui sont à la portée de tous, nous sommes des sarments morts, nous ne restons pas en Jésus. Demeurer en Jésus et faire les mêmes choses qu’Il faisait: faire le bien, aider les autres, prier le Père, soigner les malades, aider les pauvres, avoir la joie de l’Esprit Saint.

Une belle question pour nous chrétiens est la suivante : est-ce que je demeure en Jésus ou suis-je éloigné de Jésus ? Suis-je uni à la vigne ou suis-je un sarment mort, qui est incapable de donner du fruit, de donner un témoignage ? Et il y a également d’autres sarments, dont Jésus ne parle pas ici, mais il en parle ailleurs: ceux qui se font voir comme disciples de Jésus, mais qui sont le contraire d’un disciple de Jésus et ce sont des sarments hypocrites. Peut-être vont-ils tous les dimanches à la Messe, peut-être revêtent-ils un visage de saint, tous pieux, mais ensuite, ils vivent comme s’ils étaient païens. Et ceux-là, Jésus, dans l’Évangile, les appelle hypocrites. Jésus est bon, il nous invite à demeurer en Lui. Il nous donne la force, et si nous glissons dans le péché — nous sommes tous pécheurs — Il nous pardonne, parce qu’Il est miséricordieux. Mais ce qu’Il veut sont ces deux choses : que nous demeurions en Lui et que nous ne soyons pas hypocrites. Et avec cela, une vie chrétienne va de l’avant.

Une prière puissante

Et que nous donne le Seigneur si nous demeurons en Lui ? Nous l’avons entendu. « Si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et vous l’aurez » (Jn 15, 7). Une force dans la prière : « Demandez ce que vous voulez », c’est-à-dire la prière puissante, au point que Jésus fait ce que nous demandons. Mais si notre prière est faible — si elle n’est pas vraiment faite en Jésus — la prière ne donne pas ses fruits, parce que le sarment n’est pas uni à la vigne. Mais si le sarment est uni à la vigne, c’est à dire : « si vous demeurez en moi et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et vous l’aurez ». Et cela est la prière toute-puissante. D’où vient cette toute-puissance de la prière ? Du fait de demeurer en Jésus, d’être uni à Jésus, comme le sarment à la vigne. Que le Seigneur nous donne cette grâce.

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