Marie Teotokos

Publié le 10 Jan 2019
Marie Teotokos L'Homme Nouveau

Depuis 1969, le 1er janvier est consacré explicitement à la Mère de Dieu dans la ligne de la grande Tradition qui, lors des grandes controverses christologiques des Ve et VIe siècles, avait fait naître un admirable mouvement marial d’où sont nées les admirables antiennes de la liturgie de ce jour : O Admirabile Commercium, Magnum et Mirabile mysterium. Au jour octave de Noël, il ne pouvait guère y avoir de plus parfaite convenance que de célébrer la digne Mère de Dieu. Comme l’enseigne saint Paul, en effet, c’est « à la plénitude des temps que Dieu envoya son Fils né d’une femme ». Ce choix du mot de « femme » pour désigner Marie, chez saint Paul comme chez saint Jean, veut orienter la pensée vers la Nouvelle Ève associée au Nouvel Adam dans l’œuvre par excellence qu’est la Rédemption.

Le pape François confie donc à juste titre à la Mère de Dieu l’année nouvelle, en soulignant l’apport spirituel de plusieurs verbes illustrant parfaitement la sainteté et la vie spirituelle de Marie. D’abord : s’étonner. Dans la pastorale des centons de Provence, Marie dit au ravi : « Le monde sera merveilleux, tant qu’il y aura sur terre des gens comme toi, capables de s’émerveiller ». Oui, la fête du 1er janvier nous invite avec Marie et les bergers à nous étonner de la beauté de l’Incarnation. S’étonner parce que toute vie est un don offert pour pouvoir recommencer quand on est tombé très bas. Mais si nous devons nous étonner avec Marie devant ce mystère, nous devons aussi nous étonner de Marie Theotokos, Mère de Dieu : Dieu enfant se nourrit d’une femme allaitant son Créateur, tout en préservant intacte sa virginité. Ce mystère suscitera toujours un étonnement infini que seuls peuvent comprendre ou du moins entrevoir les humbles. L’Amour incarné s’est fait proche de l’homme qu’il est venu sauver, car l’Emmanuel nous aimera toujours malgré nos fautes. Il a encouru le risque d’une créature libre de le rejeter, uniquement pour un plus grand bien. Demandons à Marie notre mère, qui reverse sur tous ses enfants une tendresse nouvelle, de conserver toujours dans notre cœur l’étonnement pour ce mystère.

Après l’étonnement, laissons Marie nous regarder. Nous sommes compliqués et empêtrés par tous les nœuds d’une vie de péché. Marie au contraire est un verre de pur cristal reflétant parfaitement la beauté de Dieu et réfléchissant sur nos âmes les splendeurs du paradis perdu, mais retrouvé avec elle. En éclairant toutes les obscurités de nos âmes, Marie redonne à tous l’espérance du salut et nous donne courage pour reprendre chaque jour le combat spirituel. Marie nous regarde et son regard nous aide à aimer comme Dieu lui-même. C’est le regard d’une mère qui éduque et pardonne. Sans Marie, nous perdons automatiquement le fil de la beauté, de la vérité et surtout de l’amour. Avec Marie, nous sommes sûrs de ne pas perdre le chemin, car elle, l’étoile de la mer, nous conduira toujours au port du salut. Laissons-nous donc embrasser par elle, même dans les contrariétés, se souvenant que si nos voies ne sont pas celles de Dieu, elles seront toujours d’une certaine façon les voies de notre mère qui défait tous les nœuds. Demandons-lui d’embrasser notre vie, elle qui est « notre vie, notre douceur et notre salut ».

Enfin, laissons-nous prendre par la main de Marie, pour qu’elle nous guide sur les sentiers de la vie. Ne rejetons jamais cette emprise maternelle. Agrippés à Marie, nous traverserons toutes tempêtes, tous les écueils, elle qui est depuis le début du christianisme est invoquée comme l’aide et le refuge des chrétiens. Sub tuum praesidium !

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