Au quotidien n°143 : quand Jean-Luc Mélenchon se fait professeur d’histoire religieuse…

Publié le 05 Fév 2021
Au quotidien n°143 : quand Jean-Luc Mélenchon  se fait professeur d’histoire religieuse… L'Homme Nouveau

On trouve de tout dans La Vie, même des choses intéressantes et même des collaborateurs dont les parcours ne conduisent pas de manière évidente à l’hebdomadaire chrétien d’actualité. Au titre des propos intéressants, notons par exemple ce billet (3 février 2021) qui s’intéresse aux approximations de Jean-Luc Melenchon sur l’Église catholique lors du débat sur le projet de loi sur le séparatisme.

On aimerait tout d’abord suggérer au leader de La France insoumise de faire appel à d’autres collaborateurs pour préparer ses discours : une introduction ne constitue pas le cœur du sujet d’un texte, la Séparation n’était pas condamnée pour ces motifs, et il aurait par ailleurs évité la splendide perle sur le chancelier Michel de L’Hospital prétendument assassiné lors de la Saint-Barthélemy… (…)

Si le projet de loi sur le séparatisme peut être perçu par le député Insoumis comme « une bouillie d’amalgames », ce que le même dit de la condamnation de la loi de 1905 est digne d’une (médiocre) copie de licence… Pie X n’interdit pas d’obéir à la loi parce qu’elle ôte les crucifix des tribunaux (ce fait lui est antérieur) ou parce que les clercs ne sont pas exemptés du service militaire (les « curés sacs au dos » datent de 1889…) ; cela, c’est un simple rappel des « jalons placés dans le but d’arriver à la séparation complète et officielle » de l’Église et de l’État.

La loi est condamnée parce qu’elle est la rupture unilatérale d’un accord unissant deux puissances, et que le culte va être organisé sans négociations préalables avec Rome. Le pape interdit donc d’accepter non la Séparation – qu’il déplore et condamne, mais contre laquelle il ne peut rien – mais les associations cultuelles, en cours d’élaboration. Condamnation qu’il renouvellera par les encycliques Gravissimo Officii (août 1906) puis Une fois encore (janvier 1907). (…)

Pie X peut ainsi procéder à une série de nominations d’évêques, bloquées par le conflit avec Combes puis le vote de la Séparation. Et si la Séparation entraîne un appauvrissement de l’Église en France, elle la libère également de la tutelle de l’État. La question des associations cultuelles sera réglée en 1923-1924 (elles deviennent « associations diocésaines »).

C’est l’intransigeance de Pie X qui oblige le gouvernement à faire évoluer la situation dès 1907, Rome étant d’ailleurs encouragée à la résistance par Albert de Mun, qui fait tout pour que les évêques gardent leur position. Et c’est aussi parce qu’une partie du gouvernement perçoit que l’Église est devenue (trop) libre par rapport à l’État que la question des nominations épiscopales sera explicitement évoquée lors des négociations menées après la guerre de 1914-1918, dans un climat qui a profondément changé. C’est notamment ce dernier point que Jean-Luc Mélenchon ne perçoit pas, préférant imaginer un effet des encycliques Laudato si’ et Fratelli Tutti (pourquoi pas aussi l’exhortation Evangelii Gaudium ?).

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneSociétéLettre Reconstruire

L’Église face au socialisme (II)

Lettre Reconstruire n°35 (avril 2024) | Dans la série de ses études synthétiques sur les idéologies modernes, Carlos Sacheri aborde le socialisme et le jugement de l’Église sur cette réaction aux injustices sociales nées du libéralisme économique. Il présente ici les points communs à toutes les idéologies socialistes.

+

socialisme
SociétéLectures

L’inégalité, un outil de civilisation ?

Entretien | Juriste et historien, Jean-Louis Harouel s’attaque dans un livre récemment paru au mythe de l’égalité. Il postule que cette « passion laide » contemporaine, destructrice de la famille, entre autres, ne sert en rien les intérêts d’une population, en montrant que seule l’inégalité, créatrice de richesses, encourage la production et par là-même augmente le niveau de vie et conditionne le progrès moral et scientifique. Entretien avec Jean-Louis Harouel sur son livre Les Mensonges de l’égalité. Ce mal qui ronge la France et l’Occident.

+

égalité mythe
SociétéEglise de France

Pandémie : un avant-goût de la restriction des libertés fondamentales ?

Entretien | Le colloque « Pandémie, Droit et Cultes » s’est tenu à Paris en mars 2022. Ses actes rappellent qu’entre 2020 et 2022, les prérogatives de l’État ont été augmentées de manière extraordinaire au détriment des libertés essentielles, dans un renversement complet de la hiérarchie des biens. Une situation dangereuse qui pourrait bien se reproduire sous des prétextes variés. Entretien avec Guillaume Drago, co-organisateur du colloque et professeur de droit public à l’université de Paris-Panthéon-Assas.

+

pandémie liberté de culte